Ayant découvert l’univers de Game of Thrones par la série TV et non par les livres, j’ai abordé les livres comme un complément, ou une alternative peut-être, à la série dont j’ai fini par être fan, j’en ferai de même dans ma critique. Je ne spoilerai pas dans le détail de passages importants, je les sous entendrai tout au plus mais j’en parlerai quand même à demi-mot donc bien sûr si vous voulez une découverte totale, lire cette critique n’est pas recommandée mais j’ai envie de dire que ça vaut pour toute critique dans ce cas-là.
Plus on avance dans les tomes, et plus l’adaptation en série TV se permet de zapper des passages et même commencent à en réécrire certains avec cette bataille des rois. Beaucoup d’éléments scénaristiques de ce troisième tome ont été passé sous silence dans la série : Stannis et sa famille plus longuement introduits avec son opinion bien expliquée vis-à-vis de la religion, un peu plus d’interventions anecdotiques de Tommen et de Myrcella pour maintenir leur présence, l’insistance sur la misère grandissante dans Port-Réal, le passé de Jorah et de sa femme plus détaillé ou celui de Sandor Clegane qui préfère le surnom de Limier pour une raison, l’histoire des Targaryens largement détaillée…
La bataille des rois ne présente paradoxalement aucune bataille, elle prend le temps d’étoffer son univers maintenant qu’il a été bien amorcé par les précédents tomes et franchement j’ai bien aimé. Les conditions de paix de Robb plus détaillées sont un peu assommantes mais elles permettent de développer les divergences d’opinion entre Robb, Cat et Edmure qui auront une grande importance plus tard, c’est pas seulement de l’enrichissement de l’univers, c’est aussi et là encore une amorce pour des intrigues futures qui en ont besoin pour ne pas donner le sentiment de sortir un peu de nul part.
Bien sûr, les nouveaux arcs narratifs qui s’ajoutent aux anciens dans des versions plus détaillées renforcent le problème d’éparpillement de ceux-ci qui se ressent encore plus dans le bouquin avec des fois un passage qui nous intéresse beaucoup mis de côté pendant 100 pages. C’est frustrant mais la richesse de l’univers fait qu’aujourd’hui et avec le recul je l’accepte mieux que lorsque j’ai découvert la série la première fois, je pense pas qu’on puisse faire un univers aussi riche et intéressant tout en le rythmant parfaitement bien.
A côté de ces passages manquants, il y en a qui sont bien différents dans la version littéraire avec les fausses rumeurs de Littlefinger en réponse aux accusations de Stannis, les clans des montagnes explicitement revenus avec Tyrion, Bronn qui ne profite pas du commandement du guet au profit d’un autre personnage absent de la série, la famille de Davos qui tient une place plus importante, l’arrivée de Théon à Pyk accueilli par Aeron et non Yara qui sera introduite de la même manière mais plus tard… Je ne comprends pas trop l’intérêt de ces libertés prises par la série même si pour le moment il n’y a pas de gros changements, ça rend la lecture de ce tome intrigante.
Intrigante et marrante, l’une des répliques les plus drôles de Tyrion n’a pas été gardé dans la série, c’est dommage, allez c’est cadeau :
« Tu baisais avec notre cher Jaime ? » Elle le gifla. « Me croyais-tu aussi aveugle que Père ? » Il se frotta la joue. « Peu m’importe avec qui tu couches..., encore qu’il y ait quelque injustice à ouvrir tes cuisses pour l’un de tes frères et pas pour l’autre. » Elle le gifla. « Sois gentille, Cersei, je blague, voilà tout. Parce que, pour parler franc, je n’ai jamais compris ce que Jaime te trouvait, son propre reflet mis à part. » Elle le gifla. Les joues lui cuisaient, mais il sourit.
Comme pour les autres tomes, il y a une scène de la série que je trouve très réussie qui pourtant, malgré tout son contenu, ne figure pas dans le livre, la scène que j’appellerai power is power entre Littlefinger et Cersei. Elle apporte pas grand-chose au récit, mais je la trouve super classe et elle rappelle un fait tout simple mais Littlefinger n’est pas un parfait manipulateur, il est très fort dans le domaine mais il n’est pas à l’abri d’une erreur qui peut lui être fatale et de son côté Cersei croît avoir le monde à ses pieds et tient à son image d’intouchable.
En dehors de cette scène propre à la série, tout ce tome est bien plus riche en informations, l’arrivée pleine et entière de Stannis dans le récit est très bien faite, Tyrion à sa nouvelle position est hilarant, les batailles à venir sont toujours aussi bien amorcées par les relations entre les belligérants… il se passe peut-être moins d’événements marquants que dans les 2 précédents tomes mais il y a beaucoup d’informations utiles apportées et de l’humour en renfort pour garder l’intention du lecteur, donc encore une fois ça passe très bien.