Merete Pryds Helle s'inspire de son histoire familiale pour raconter la vie d'une jeune femme, Marie, issue d'une famille de journaliers du Langeland. Quand on sait cela, le début parait d'autant plus dur. Peu de nourriture, une vie difficile, des hommes violents, des gifles, qui reviennent à plusieurs reprises, même lorsqu'il est question d'adultes. Malgré tout, Marie est dure à la tâche, et ne se plaint pas. Lorsqu'elle épouse Otto, électricien, ses conditions de vie s'améliorent, et elle s'autorise à envisager une vie meilleure...
C'est un roman fort, parce qu'il évoque la condition des femmes dans le Danemark du XX° siècle. (L'histoire commence dans les années 30.) Les femmes sont là pour servir les hommes, leur être agréables, et il n'est pas rare qu'elles reçoivent des coups, perçus par les deux sexes comme normaux. Cette violence familiale, les conditions de vie, ce que les femmes subissent, en font un roman à la tonalité sombre. Malgré tout, comme le suggère la très belle photo de couverture, il y a aussi des aspects plus légers, en particulier les descriptions de la nature, qui apportent un peu de fraîcheur. L'écriture est belle, la lecture fluide. A de brefs moments, Pryds Helle change de registre et bascule dans une écriture plus théâtrale (Certaines scènes sont assez loufoques.) burlesque, ou épique. (L'épisode du rat dans le cercueil)
Tonalité sombre quand même donc, mais Pryds Helle fait preuve d'une grande aisance stylistique et livre un roman très fouillé qui marque le lecteur.