Pour un concentré de violence..
Un volet de la grande fresque des Rougon-Macquart, un concentré de violence, de scènes sordides parfois sanglantes... C'est Zola au summum de son oeuvre, une oeuvre dans laquelle il dépeint le portrait d'un certain Jacques Lantier, conducteur de train, la " lison " comme appelée dans le livre, en proie à une pulsion meurtrière, un mal dont il ne peut guérir.. Mr.Lantier fut témoin d'une scène de meurtre se passant dans un train, persuadé plus tard que l'auteur du crime c'est Mr Roubaud, décide de ne pas le dénoncer parce qu’il est tombé sous le charme de Séverine, épouse du sous-chef alias Mr.Roubaud. Ces trois personnages formeront désormais ce qu'on pourrait appeler le Trio criminel.. Autour de ces trois personnages, se présentent d'autres, secondaires liés au monde des chemins de fer " la compagnie " dont : La famille du stationnaire Misard, composée de sa femme mourrante, et Flore, le chauffeur Pecqueux et sa maîtresse Philomène, le président Grandmorin, tous cachent ce qui peuvent etre les plus noirs instincts, les vices les plus sordides, qui conduiront finalement à des tragédies..
Le roman est à la fois un roman sur les chemins de fer, et une sorte de roman policier où les lecteurs sont tenus en haleine, un roman judiciaire où Zola suit et critique les démarches d’un juge d’instruction, fait une violente satire d’une justice inféodée au pouvoir.
Ce monde des chemins de fer, je l'ai adoré, j'ai adoré la façon admirable avec laquelle Zola l'a restitué dans le roman; la gare, des trains, les machines qui sifflent, bref, tout ce monde baigné d'une vapeur dense, un univers où jaillit cette relation étroite et complexe qui unit l'homme à sa machine.
C'est une oeuvre magnifique qui livre des tableaux tout simplement spectaculaires les uns que les autres; la scène d'accident de locomotive sous la neige, la scène du déraillement, les intermittences de la pulsion de meurtre chez le héros, les crimes, commandés par la passion ou simplement par l'instinct aveugle, un suicide, la violence conjugale, l’adultère...
Et puis arrive la fin, cette fin compté parmi les plus magistrales, ces pages finales décrivant le train fou privé de son conducteur, cette scène finale du train fou qui emporte ses voyageurs vers la catastrophe qu’est la guerre, tandis que s’entre-tuent Jacques et son chauffeur, reflète parfaitement, cette association du progrès technique et de la Mort.
Cet immense roman couvre une puissante critique sociale, une histoire noire, cruelle et sombre à souhait, et qui se fait le miroir de ce que l'homme pourrait produire du plus pire, la violence, le mal à l'état brut..