Je connaissais pas Michelet. Il y a plusieurs années, un libraire d'occasion liquidant son stock me glissait ce petit bouquin en cadeau dans ma pile d'achat (édition originale alors j'étais toujours prêt à m'encombrer eh).
Et voilà que je retrouve Michelet cité par Dumas dans ses mémoires, cible de propos élogieux en tant qu'historien passionnant. Ah, bon, voilà que le dossier du sieur commençait à s'épaissir. Et l'approbation de Dumas n'est pas anecdotique, car on retrouve beaucoup de Dumas dans Michelet. Venons-y.
Je ne savais pas du tout ce dont parlait le bouquin avant de l'ouvrir. Une introduction de l'auteur nous met dans le bain : pour le fond, faire le tour de l'héritage des civilisations en terme de mythes fondateurs religieux ; pour la forme : un narrateur auteur bien présent. Et c'est là que c'est magique et qu'on retrouve notre dumassitude, la narration est très 18e et l'auteur nous prend par la main pour nous faire écouter et vibrer ce qu'il voit avec ses yeux. Ici, pas d'énumération froide ou de revue méthodique. Non, tout n'est qu'emphase et formules très bien senties. La langue est savoureuse, on est dans le littéraire et pas dans le scientifique (rappelons nous que c'est écrit en 1863).
Bref, c'est un petit bijou à lire, Jules nous amène dans une Antiquité de l'Inde, de la Grèce, de la Perse... dans une ambiance différente et poétiquement cousue à chaque fois. J'étais plein de microbes quand j'ai lu ce livre, et parfois je ne suivais même plus le propos, mais peu importait car je me délectais de la prose toute fluide et donnant le sourire.
Alors, oui, c'est une Antiquité qu'on a là, la vision de Juju. Autant dire que niveau historique, c'est pas trop ça, car s'appuyer sur les mythes pour affirmer comment vivait les gens de l'époque, on voit vite qu'il est à côté de la plaque, surtout pour les pays comme l'Inde dont on ne connaissait absolument rien comme véritable témoignage. Mais baste, toutes ses visions charmantes du Ramayana et les collines grecques emplies du parcours des héros et dieux valent bien autre chose !
Il faut dire aussi que Michelet voit tout par un biais qu'il propose pour les mythes et pour le tout. Pour les mythes, il se focalise sur un aspect (réducteur) de chaque culture : chez les Grecs le monde est enfantées par les Déesses, par les femmes (Gaia et Perséphone) et brille par l'idée de juste (Hercule le défenseur altruiste). Etc.
Et pour le tout, on s'en aperçoit vers la fin du livre quand l'auteur bascule avec le Moyen Age et son christianisme. Tout la mise en avant de l'Antiquité est là pour illustrer une dynamique de l'Homme, du Peuple vers la Liberté et son accomplissement (oui encore des formules à la Dumas, et beaucoup de Hugo aussi).
Bon clairement à la fin, ça devient plus sérieux et moins enthousiasmant. Mais tout de même, toute cette écriture passionnée et passionnante, c'est du régal dans la détente !