Je me suis régalé avec ce petit opuscule balzacien. Condensé de belles idées qui nous emmènent aux frontières de l'amour, du jeu et de la duperie. Quel plaisir de suivre ce jeune peintre et ses voisines jusqu'au dénouement où on apprend que sa bourse n'a pas été volée mais augmentée, agrémentée d'éléments décoratifs.
L'histoire finit bien, l'amour triomphe et les interrogations s’effacent contrairement à La maison du chat qui pelote ou Le bal de Sceaux. Balzac semble avoir été victime d'une bouffée d'optimisme, mettant sa morale au service de quelque chose de plus heureux.
Cinquante pages d'un pur voyage temporel qui vous entraîne dans une réalité française qui a existé et que l'on s'étonne de regretter partiellement.
Balzac a un don unique pour nous plonger corps et âmes dans son époque, nous en faire sentir sa saveur et sa substance, par ses personnages et ses intrigues que sa boite crânienne nous délivre.
Il faut s'attarder sur cette histoire de bourse qui donne son nom à la nouvelle et constitue le rebondissement final. Pensant qu'on la lui a volontairement dérobée et qui lui est restituée par son amour de voisine. Tout le récit n'existe que pour cette simple conclusion. Tout le suspense, le dilemme, résidant dans l'intégrité morale de ses deux voisines nous est lumineusement révélé.
Pour conclure, une nouvelle en forme de miracle formel, de petit bijou qui traverse les âges. Je continue donc par son entremise mon inlassable exploration de La Comédie humaine. Et c'est toujours un émerveillement de découvrir son univers mental et son agencement méthodique..
Samuel d'Halescourt