Coup du sort ?

Ce livre m'a été conseillé par un collègue, alors que je ne savais pas quoi lire. Il me l'a présenté car "y a plein de références geek dedans" ! Bon, j'avoue, ça fait pauvre comme argument me concernant, mais je lis pas des masses, alors autant prendre un truc qui me parle. Puis j'ai vu que c'était un Pulitzer de la fiction. Je me suis dit "ouah, je vais lire un livre de grands".

Ça commence assez violemment : présentation d'un des protagonistes, Oscar, et sa vie de merde, avec son obésité, son absence totale d'amis, ses hobbies louches (pour les années 70) et ses goûts démesurés en matière de filles. Mais il est heureux comme ça. En parallèle, on nous présente sa famille et ses origines dominicaines, sa vie dans un ghetto du New Jersey, avec sa mère agressive et sa grande sœur, Lola. Tout le monde se moque de lui, entre autre à cause de son célibat. Car voyez-vous, les Dominicains sont connus pour être de gros queutards infidèles. Lui est toujours puceau.

Le narrateur nous raconte dans le désordre les vies de sa sœur Lola, de leur mère "Beli", et de sa grand-mère adoptive "La Inca", entre New York et la République dominicaine, entre les années 50 et les années 80. Les membres de cette famille se sentent inexplicablement maudits, et ceci est certainement dû aux étroites relations qu'elle a eu avec le dictateur de l'île, Trujillo, un sanglant tortionnaire dont la vie est distillée à travers des notes de bas de page, tout au long du livre. Oscar enchaînera les échecs amoureux, avec des filles aussi charmantes que folles, et frôlera la mort plus d'une fois. Son unique joie résidera dans l'écriture d'une saga de fantaisie et le visionnage infini d'Akira, son film d'animation préféré.

On appréciera le rythme brutal des événements, les sauts dans le temps qui permettent de mieux saisir cet arbre généalogique de la malchance, ou encore le regard protecteur du narrateur, déterminé à faire d'Oscar un homme normal. Le livre traite de la diaspora dominicaine et de la crise identitaire des protagonistes où l'Amérique, comme toujours, fait miroiter des rêves de réussite.