J'ai lu donc la Brocante Nagano de Hiromi Kawakami. Ce n'était pas particulièrement agréable mais ça se lisait très bien. Oui.
L'auteure fait usage de ses ficelles habituelles de manière un peu trop large. J'ai donc pu décortiquer ses procédés. C'est quelque chose qu'il faut lire mais je vais essayer d'expliquer, accrochez-vous. Garanti sans spoilers.
En fait, il s'agit, dans une description ou une scène peu importe laquelle, de mettre à disposition des indices auxquels on va, sans y être vraiment poussé, vouloir chercher une signification, bien souvent sans en trouver une seule valable, les indices prenant soin d'être particulièrement fuyants.
Exemples : tel personnage a un geste ou une mimique inexpliqué, tel objet est évoqué à un moment où on se serait attendu à du symbolisme mais il n'y a guère de symboles dans l'objet, un personnage rêvasse et murmure pour lui-même des propos mystérieux, etc.
Finalement, au-dessus d'une description ou d'une scène banale, il y a donc une impression d'étrangeté, de quelque chose de crypté que le cerveau, automatiquement, cherche à élucider sans y parvenir. Autant dire que ce procédé peut devenir très gourmand en ressources cognitives, d'où l'importance de l'utiliser avec parcimonie, ce que ne fait pas du tout l'auteure, jusqu'à démystifier ses effets de manche permanents.
Cela peut aussi devenir frustrant pour les gens qui détestent ne pas comprendre, qui sont très curieuses.
Je crois qu'on peut dire que la notion dramaturgique de conflit s'illustre ici entre le lecteur et le texte. Ce dernier incarnant à la fois le but et l'obstacle !