Avec la chaîne brisée, Marion Zimmer Bradley nous invite une fois de plus à sillonner Ténébreuse. Ce récit s'inscrit chronologiquement après Redécouverte, moment où l'humanité reprend contact avec cette planète, bien des siècles après le crash initial narré dans la planète aux vents de folie.
Ce nouveau roman est scindé en trois parties dont la première se déroule 12 années avant la seconde et la dernière séquences. Il aborde enfin la communauté singulière des amazones libres. Ces femmes, alors qu'elles vivent dans un monde médiévo-patriarcal, ont décidé de rompre avec la société pour ne plus dépendre du bon vouloir du genre masculin. Elles jurent fidélité à la sororité des amazones et peuvent désormais agir en toute indépendance.
L'autrice creuse davantage le sillon féministe qu'elle avait choisi d'arpenter dans ses précédents volumes. La place de la femme, qu'elle soit épouse, concubine ou leronis, a déjà été abordée. Mais dans cet opus, le questionnement du choix de ces femmes va au-delà, tant l'engagement qu'elles prennent vis-à-vis de leurs sœurs est irréversible.
Le lecteur va ainsi pouvoir suivre le destin de plusieurs femmes natives de Ténébreuse, mais en particulier de deux d'entre elles, une jeune orpheline et une autre d'origine terrienne. La questions posées sur les us de cette société sont passionnantes, tout autant que le périple qu'elle vont entreprendre, tant géographiquement que de manière introspective.
La Chaîne brisée amorce un tournant dans l'histoire de cette planète et permet de s'immerger dans une ambiance unique, fruit de la plume talentueuse de cette autrice reconnue. Sujet d'une actualité brûlante, il démontre que cette question ne date pas des années 2020 mais qu'en 1976 déjà, cette réflexion prenait tout son sens.