L'hétérosexualité une fin en soi ?

Je m’attendais à quelque chose qui serait de l’ordre du manifeste, mais dès le départ Ovidie désamorce cette idée-là.

En fin de compte, il s’agit d’un cheminement personnel et d’une parole décomplexée qu’elle met parfois en regard avec une vision plus universelle des rapports homme-femme. Le texte n’est pas indigeste, c’est comme lire les confidences sans filtres d’une proche qui n’a pas peur de se montrer vulnérable.

Même si l’ouvrage est le fruit d’un ras-le-bol personnel, Ovidie tend à faire preuve d’honnêteté intellectuelle envers elle-même et les personnes à qui le texte s’adresse. Les choix de l’autrice peuvent paraître radicaux, mais ses propos à mesure que le discours se déploie se nuancent et s’expliquent par son vécu. Ils se nourrissent même d’exemples qui donnent à voir aussi des hommes victimes de certains aspects toxiques de l’hétérosexualité. (Je pense notamment au passage qui parle de son frère.)

Ses idées ne sont pas toutes immuables et radicales, elles se précisent tout en laissant l’espace à la réflexion pour les lecteurs.trices...

Peut-on en vouloir à quelqu’un de ne plus s’évertuer à répéter les mêmes shémas pour un résultat qui semble toujours la faire souffrir ?

Ceci est un choix personnel dont les impulsions feront écho chez certain.e.s. qui pourront se reconnaître face à des trames de l’hétérosexualité (unilatéralité, rapports de forces et de transaction, archaïsme...) qui parfois confinent à l’impasse. Ovidie dépeint une hétérosexualité qu’elle désacralise sous ses aspects les moins reluisants et qui semble avoir des difficultés à redéfinir ses propres contours afin que tout le monde y soit à l’aise.

La réflexion se diviserait-elle entre : emprunter de nouveaux circuits pour éviter les sorties de routes et les accidents comme le choisirait potentiellement Ovidie elle-même pour sa sécurité physique et affective ?

Ou alors s’évertuer à rendre ce circuit praticable et agréable en redéfinissant ses trajectoires, ses dynamiques ?

Le témoignage d’Ovidie nous inviterait-il à être plus attentif.ve à nos comportement afin de conscientiser des traditions et schémas que l’ont perpétuent sans parfois même y réfléchir activement ?