Après avoir lu, non sans plaisir ou frisson, les aventures de Franck Sharko, puis celles de Sharko et de Lucie Henebelle, il était grand temps pour moi de me pencher sur le passer de la jeune flic. Le père noël ayant été généreux en m'apportant l'édition collector de La chambre des Morts / La mémoire fantôme, je n'avais plus qu'à m'installer et à savourer.
Retrouver Lucie dans ses premières expériences d'enquêtrices est une chose un peu étrange lorsque l'on connaît la suite de ses aventures dans le monde.
Mais la chose n'est pas désagréable. Un peu comme tomber sur les clichés d'une amie prise lors de sa jeunesse. Les grandes lignes y sont, les contours généraux également, mais les traits ne sont pas encore affinés.
On découvre alors une Lucie Henebelle encore hésitante, furieusement curieuse, dangereusement éprises de connaissance sur la noirceur du monde, mais pas encore tout à fait capable d'y faire face. Mais après tour, avant de bien nager, il faut savoir patauger.
Et Lucie patauge plutôt bien pour une semi-débutante.
On pourra peut être reprocher à Thilliez de partir dans tous les sens, de lancer des théories, des hypothèses à tout va, mais il ne fait que décrire l'esprit de son héroïne, désireuse de mettre en application ses lectures, d'appliquer ses connaissances théoriques à la réalité.
L'enquête se laisse ainsi bien lire et les destins croisés de nos informaticiens devant juger de leur (mal)chance, de notre fliquette et des deux esprits torturés réunis par la souffrance sont bien présentés. On regrettera peut être de ne pas en découvrir plus sur les liens unissant les deux monstres, mais nul n'est parfait !
L'ambiance générale du livre est à l'image de la naissance de son héroïne. Très bien mise en scène, elle nous emporte vers un monde d'horreurs et d'espoirs, d'amour et de haine. Si La chambre des morts n'est pas le livre le plus aboutit de Franck Thilliez, il plante déjà bien les bases de son univers, et l'on ne saurait espérer faire de beaux rêves lorsque l'on se force à fermer le livre à la fin de l'un ou l'autre des chapitre l'heure d'éteindre les lumières venue.
Ma seule réelle déception et la raison de mon 6 un peu rude, est le final plutôt bâclé par l'auteur à mon humble avis.
Après nous avoir transporté dans l'antre de l'horreur, après avoir fait monter notre tensiomètre et notre trouillomètre à un bon niveau, il clôt la confrontation entre la jeune enquêtrice et la bête qu'elle traque de manière un peu trop expéditive. Bien entendu, ce sont les débuts de Lucie dans le monde de l'horreur réalité et l'on ne peut s'attendre à des actes de pur génie de sa part. La mettre en danger est totalement approprié et la manière dont les faits se produisent l'est tout autant... Mais on reste un peu sur notre fin. La scène de l'enterrement est peu troublante et le court résumé de l'affrontement final est un peu décevant. On aurait aimé vivre avec autant de passion, de frissons et de soulagement ce qui est raconté en quelques lignes.
Sachant le niveau d'excellence que peut atteindre Thilliez, cette fin, quoi que parfaite dans le fond, est un bon cran en dessous de ce que l'on aurait put avoir dans la forme.
La chambre des Morts reste néanmoins un très bon thriller qui se lit avec gourmandise, et donne envie de dévorer la suite des aventures de cette futur grande enquêtrice que deviendra au fil des livres Lucie Henebelle (et surtout de découvrir ce qui se trouve dans cette fameuse armoire, clé des démons de Lucie).
À lire sans hésitation, en sachant que les suivant sont encore meilleurs.