Après un premier tome introductif brillant (et qui n'a pas volé son prix Goncourt), la sage des "Grandes familles" se poursuit avec "La chute des corps", expression à prendre au propre comme au figuré.
Cette suite s'amplifie d'un drame social sur la toile de fond du krach boursier de 1929. Tome un peu plus technique que le précédent, on s'attache davantage aux événements qu'aux personnages et mon manque d'érudition dans le domaine financier a nui à ma parfaite compréhension des enjeux (un peu comme à la lecture de "L'argent" d'Emile Zola).
Et puisqu'on parle de Zola, la transition est toute trouvée pour louer haut et fort une nouvelle fois la très grande accointance entre la plume du père des Rougon-Macquart et celle du père des futurs "Rois maudits". Une similitude troublante qui rassemble ces deux auteurs dans un genre naturaliste vibrant de sensations humaines. J'ai autant de plaisir à lire Druon que j'ai eu plaisir à lire Zola.
Et d'ailleurs, le dessein du premier est forcément inspiré de l'oeuvre du second. Chez l'un comme chez l'autre, il s'agit bien de deux grandes familles bourgeoises dont l'arbre généalogique ombrage toute la narration. Il m'a été impossible de ne pas voir se dessiner les Rougon-Macquart en filigrane des de la Monnerie et des Schoudler. On retrouve les mêmes thématiques : les vices et les vertus, l'affairisme, la finance, les jeux d'argent et de succession, les drames passionnels, les complots, les secrets de famille, le demi-monde, l'ambition politique, la course aux honneurs et à la gloire, l'alcoolisme, le déclin de la vieillesse et la sénilité, etc.
"Les Grandes familles" se veut roman social, roman sociologique, roman politique, chronique mondaine et familiale et roman historique et offre au lecteur un feu d'artifice à l'esthétisme bluffant.