Avec N.E.O, Michel Bussi nous emmène dans un univers post-apocalyptique à hauteur d’enfants. Dans un Paris où tous les adultes sont morts, deux sociétés enfantines se font face : le « Tipi » et le « château ». C’est avec le premier groupe que nous découvrons la renaissance forcée de la civilisation humaine. Cette civilisation, malgré ses 12 ans, répond à des règles, une structure organisée, une hiérarchie, symbolisée par les étages du Tipi. Chaque enfant a son rôle à jouer, selon ses aptitudes et ses connaissances. On découvre plus tard que le même système a lieu au château, bien qu’il soit fondé sur des conditions différentes. Le premier groupe est survivaliste, libre de ses mouvements ; le deuxième est érudit, enfermé derrière ses murs protecteurs.
Pour chacune de ces deux sociétés qui se font face, la nomination prend une grande importance : recréer un monde, refonder une civilisation, c’est lui donner des règles mais aussi des noms. Pour certains, on parle de tipi, de château, de -M- ; pour les autres, il s’agit en fait de la Tour Eiffel, du Louvre et du métro. Derrière ces différences se cachent une question plus large dont ils n’ont que partiellement conscience : celle de l’héritage. Sous forme de souvenirs plus ou moins vagues, d’idées abstraites ou d’image réelle sur un écran, les parents absents ne sont jamais très loin de leurs orphelins. Même pour ce petit être presque animal que les enfants appellent « Luponéro », la trace qu’ont laissé les parents est bien présente. C’est en partie par cette transmission que les enfants ont appris à avoir chacun leur vision du monde.
De cette vision du monde découle l’enjeu principal de ce premier tome : le rapport à l’autre, tantôt ennemi, tantôt allié ou plus si affinités. Ces enfants sont en réalité confrontés à des enjeux qui les dépassent, les mêmes enjeux que ceux qu’ont pu connaître les adultes : comment appréhender l’inconnu ? Peut-on apprendre de la différence ? Le combat est-il obligatoire pour assurer sa survie ou sa supériorité ? Les enfants deviennent alors de parfaits représentants de la société telle qu’elle peut exister partout : il y a les leaders, les manipulateurs, les tolérants, les dangereux – pas toujours ceux que l’on croit. Et alors que la confrontation semble pour tous inévitable, les personnages se retrouvent face à des problématiques trop grandes pour des enfants de seulement 12 ans : mener une guerre, décider de tuer, accepter la possibilité de mourir. Le roman est parcouru de nuances, de caractères et d’enjeux qui arrachent ses personnages comme les lecteurs à l’univers enfantin, bien loin d’être si naïf et innocent. La fin du roman est donc, on s’en doute, bien moins naïve et innocente qu’elle n’en a l’air en apparence. Il reste assez de mystères, de questions non résolues et de secrets bien gardés pour donner envie au lecteur de se jeter sur la suite.
N.E.O – La Chute du soleil de fer est parsemé de belles thématiques qui font écho à tous les âges : le courage, l’amitié, l’amour, le jeu, les rapports de force et les questions de pouvoir, le danger, les réflexions écologiques. Bien sûr, on le sait, il s’agit du premier tome d’une saga jeunesse ; en tant que jeune adulte, je n’ai pas pu m’empêcher de relever quelques facilités, des répétions ou des évidences. Néanmoins, l’écriture de Michel Bussi reste bien menée pour plaire aux plus grands enfants. Et c’est exactement ce que je recherchais en ouvrant le livre : m’évader dans mon monde d’enfant.
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