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La découverte toute récente du film Mad Max Fury Road a été une véritable claque cinématographique. Un monstre de cinéma, ahurissant, assourdissant, déroutant aussi par sa forme que certains ont reproché au moment de sa sortie : un road movie avare de paroles mais bourré d’actions, un aller-retour au milieu du désert et des combats. Pourtant, la force du film est présente partout, dans son scénario, dans son décor, dans sa musique. Lorsque l’on est encore hanté par les images de Fury Road, les attentes concernant son préquel, Furiosa, sont grandes, très grandes.
Le film Furiosa, Une saga Mad Max est aussi impressionnant par ses images que l’était son prédécesseur. Dans un univers en déroute et une société humaine qui a disparu, tout est démesuré : la violence, les enjeux, les moyens de survie… La saga Mad Max – les deux films de Georges Miller plus précisément, puisque je n’ai pas vu les autres – est forte d’images chocs, avec son grand antagoniste Immortan Joe, ses acolytes et ses soldats, les miséreux qu’il dédaigne presque réduits à de la chair humaine en décomposition. Dans un désert aride, omniprésent et écrasant, les trois hauts lieux d’exploitation qui règnent sur les terres de la Désolation sont des monstres autant que leurs habitants. Dans ce nouveau volet, l’ingéniosité de la réalisation réside dans la création d’un univers qui pose les bases de sa suite Fury Road : l’environnement aride et inhospitalier, les rapports de force brute et politique.
Les personnages qui évoluent au cœur des ces images, toustes brillamment interprété.es, sont l’incarnation de l’humanité face à l’horreur, la fatalité, le vide – du désert, de sens, de civilisation. Au milieu du sable impitoyable, où les ressources vitales sont au mieux rares, au pire un inaccessible (la Terre verte), la loi du plus fort l’emporte. Dans la caractérisation de ceux qui restent, le manichéisme n’a plus court. Rares sont ceux qui font preuve d’humanisme – et même dans Mad Max Fury Road, le héros n’en est pas un. Et dans Furiosa, la protagoniste éponyme quitte un monstre pour rejoindre un autre monstre. De plus, les relations entre les personnages ne sont jamais forcées, explicatives, tout se fait dans une grande simplicité – un regard, un geste, et l’on sait où se place chacun par rapport à l’autre. L’exemple le plus frappant est celui de Jack et Furiosa. Aucun besoin de s’étendre en mots quand ils se comprennent, se choisissent et se font confiance en quelques gestes. Aucun patos étiré, aucun gros plans ou grands discours qui nous arracheraient les larmes de force. Il suffira simplement d’un geste tendre, discret et silencieux, presque en arrière plan, pour tout dire.
Et venons-en enfin à Furiosa, la pièce maîtresse du préquel. La narration, la découverte du désert, les thématiques, tout est construit autour de son parcours : violence, survie, vengeance, héroïsme face à la déshumanisation. Le film est un récit à vocation épique, qui cherche à transcender son personnage. Furiosa, que l’on prend immédiatement en empathie au vu de son jeune âge, est contrainte de quitter sa terre natale – la Terre natale, véritable jardin d’Eden et Terre promise. N’ayant qu’un objectif en tête, y revenir, elle doit apprendre à maîtriser ses capacités, surmonter ses blessures, affronter des obstacles. Face à elle, un grand ennemi, son némésis, se dresse en affrontement final nécessaire pour son édification. Et c’est seulement autour d’elle, autour de sa quête, que se dessinent les contours d’une société infernale. Seule contre tous, jusqu’au bout, jusqu’à la grande course de Fury Road.