Bon, alors, une de mes craintes principales par rapport à ce préquel de l'illustre Mad Max - Fury Road, racontant le passé de Furiosa, c'était la qualité des effets spéciaux. Alors, il y a quelques fonds verts et quelques CGI visibles, mais, globalement, sans atteindre (loin de là et pas que pour cette raison... je vais y revenir tout de suite !) la perfection technique du précédent volet (si on suit l'ordre chronologique des sorties !), je m'attendais à pire. Par contre, il y a de manière plus fréquente des accélérations trop visibles de l'image. Alors, je sais que dans Fury Road, il y en a aussi, mais elles sont nettement mieux intégrées à l'intensité de l'action. Quant à la photo, trop lisse, trop éclairée, manquant de contrastes, elle fait un peu trop faux, ne mettant pas bien en valeur les éléments des extérieurs, comme le sable ou la chaleur.
Et, en restant toujours sur le sujet de la forme, la séquence, lors de laquelle les Biker Horde prennent possession de Petroville, par la méthode du Cheval de Troie, est complètement bâclée. Comme si George Miller ne voyait pas comment rendre crédible, par la mise en scène, que quelques clampins conquièrent une vaste raffinerie.
Autrement, lors du premier chapitre (oui, l'ensemble est divisé en plusieurs chapitres, vu qu'il s'étend sur de nombreuses années alors que Fury Road, hors introduction, se déroule sur quelques journées !), je ne demandais qu'à m'attacher aux personnages. Reste que quand ces derniers réagissent, à chaque fois, de la manière la plus conne possible (affronter un péril toute seule au lieu d'essayer d'avoir un max de renforts avec soi, ne pas buter quelqu'un susceptible de faire du tort, foncer dans la gueule du loup au lieu de profiter d'être libre pour tenter de fuir... enfin, des trucs comme ça !), je n'y suis pas parvenu, désolé. Ah oui, on peut savoir comment la mère arrive à débarquer dans la bonne tente, située dans un vaste camp qu'elle ne connaît pas, qui plus est lors d'une tempête de sable ?
Alors, comment Furiosa de Furiosa - Une Saga Mad Max est devenue la Furiosa de Mad Max - Fury Road ? Quelles choses horribles a commis notre protagoniste (mentionnées, sans en préciser la nature, dans l'œuvre suivante - si on suit l'ordre chronologique de l'histoire - par la principale concernée elle-même, ayant l'air hantée pour ces souvenirs terribles !) ? Comment s'est-elle prise d'une profonde empathie pour les innombrables victimes de l'immonde Immortan Joe ? Eh ben, ce film ne raconte pas du tout cela. À la place, on a le droit à l'histoire d'une vengeance. Pourquoi pas. Mais alors, dans ce cas, Miller n'aurait pas dû lier directement la toute fin (générique compris !) de Furiosa au tout début de Fury Road. D'ailleurs, le préquel aborde tellement peu ses points que je serais incapable de dire si l'acteur Lachy Hulme assure autant que le regretté Hugh Keays-Byrne en Immortan Joe, étant donné que son temps de présence est incroyablement insignifiant.
Allez, je vais me concentrer sur l'histoire de la vengeance. Donc, dans cette optique, Immortan Joe n'est pas le principal antagoniste. Celui qui endosse ce rôle ici, c'est le chef des Biker Horde (déjà susmentionnés !), Dementus (qui a la capacité incroyable de ne pas prendre une seule ride, malgré une ellipse dans le temps importante... dans ce monde apocalyptique, l'eau s'est raréfiée, le pétrole aussi, mais pas les chirurgiens esthétiques, ouah... sans blague, un supplément de dollars pour le maquillage, qu'est-ce que cela aurait changé de considérable dans le budget définitif ?). Alors, ne connaissant pas des masses la filmo de Chris Hemsworth, je serais incapable de dire si c'est dû à d'éventuelles limites au niveau du talent de l'acteur ou si le personnage n'est pas suffisamment bien écrit dans ce sens, mais ce méchant est inefficace parce que ne dégageant pas la plus petite sensation de menace. Je sais qu'il y a une volonté de lui insuffler un côté "crapule sympathique", mais la balance entre cet aspect et l'indispensable sensation de menace (pour que ce caractère apparaisse réellement comme dangereux, pour que l'on puisse saisir l'étendue de son sadisme... qui est, en outre, visuellement parlant, timidement montré... ce qui n'aide pas !)... bref, la balance entre les deux est ratée. En résumé, c'est un méchant raté.
Ah oui et Furiosa ? Malheureusement, pour des raisons logiques, à savoir que près de dix ans ont passé et, qu'à l'heure actuelle, le rajeunissement numérique n'a toujours pas été employé d'une façon convaincante, Charlize Theron n'a pas pu reprendre un rôle dans lequel elle avait été absolument magistrale. Je tiens à profiter de l'occasion pour souligner que l'interprétation de cette comédienne dans Fury Road est une des meilleures que j'ai vues de toute mon existence de cinéphile. Pour la remplacer, on a Anya Taylor-Joy. Cette dernière a du charisme, elle a du talent, elle est cinégénique (habituellement, je l'apprécie beaucoup !) ; il n'empêche, l'inévitable comparaison rend son jeu décevant. Elle fait des efforts pour reproduire exactement les mêmes mouvements de tête que son ainée, lorsqu'elle est au volant, elle se donne constamment à fond physiquement, néanmoins elle n'a pas la même capacité, au contraire de Theron, de traduire une multitude d'émotions par une posture, par une expression, par une intonation, par un regard. Elle est trop monolithique pour ça.
Ouais, même si je confesse, qu'à part le cheval de Troie (ou le camion de Troie, si vous préférez !), toutes les séquences d'action, par leur lisibilité, par leur spectaculaire, par leur générosité en figurants, en explosions, en coups de feu, en destructions, offrent un divertissement pas désagréable à regarder, porté par un rythme efficace, ne permettant pas la plus petite seconde d'ennui, le long-métrage m'a déçu. J'aurais sûrement été plus indulgent si celui-ci n'avait pas eu la prétention d'être le préquel d'une belle réussite. Hélas...