La cinquième tête de Cerbère est un roman du genre science-fiction qui regroupe trois récits distincts avec un fil conducteur qui se révèle bien souvent au détour d’une phrase. Toutefois ces trois récits pourraient presque être lus indépendamment mais il y manquerait sûrement le lien ténu et essentiel que Wolfe a su y laisser dans la trame.
La planète Sainte-Croix a été colonisée initialement par les français et conquise depuis par une nation anglo-saxonne. Sur cette planète vit une société en apparence assez proche de la nôtre mais avec des préoccupations propres à une colonie implantée depuis peu sur un territoire pas complètement exploré. La planète Sainte-Croix a dans son orbite la planète Sainte-Anne. Cette dernière planète aurait connu avant sa colonisation une population autochtone, appelée « abos », qui aurait disparue selon certains. Toutefois d’autres récits parlent des étranges pouvoirs protéiformes de ces abos qui auraient remplacé les colonisateurs en prenant leur apparence et en oubliant leur origine.
La première partie du récit se situe sur la planète Sainte-Croix et relate les souvenirs de prime enfance à la vie d’adulte d’un homme. Cette première partie permet d’installer un univers à part où le lien familial, l’identité prennent une part essentielle. La seconde partie relate les pérégrinations d’un abo en proie à des expériences terribles et mystiques sur la planète Sainte-Anne. Enfin la dernière partie traite de la lecture parcellaire du journal intime d’un ethnologue emprisonné sur Sainte-Croix en vue d’une éventuelle libération.
Récit tenant plus de l’uchronie, ce roman ouvre la porte à différents champs de réflexion aussi bien scientifiques, ethnologiques, sociaux que moraux. Même si sa lecture peut s’avérer déconcertante, j’ai pris grand plaisir à la lecture de ce roman parcellaire où le souvenir et la mémoire tissent une toile frêle mais aux ramifications multiples.