Trop d'attente
Oui, trop d'attente. Car le film m'avait tellement plu et les critiques du livres étaient si bonnes, que j'ai cru m'enfoncer avec plaisir dans cette jungle amazonienne, à la recherche d'une cité...
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le 30 sept. 2019
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David Grann, journaliste, prend connaissance de l’histoire mystérieuse de Percy H. Fawcett, explorateur disparu dans la jungle amazonienne en 1925. Il décide de raconter son histoire…
Voilà, tout ce qui cloche est dans ce mini-résumé. La partie passionnante est celle véritable de Fawcett. Complète, intéressante, dépaysante, folle. L’histoire est bonne, tout est relaté de manière plaisante, pas trop compliquée et instructive, je ne vais pas résumer ses aventures, aurant lire le livre (ou Wiki ?).
Le MAIS intervient sur le fait qu’il faille mentionner l’auteur. Celui-ci intègre le récit en racontant sa découverte de l’histoire, son « enquête », son caractère peu aventurier qui rêve pourtant de ces aventures et va lui-même tenter d’en savoir + en allant dans la jungle, ses préparatifs.
Si on est honnête, il s’immisce relativement rarement toutefois et cela n’empiète pas sur la grosse partie du livre qui relate le tout en gardant même suffisamment de recul pour raconter les choses en étant impartial et sans grossir les traits de caractère (ce que le film n’aura pas su faire en misant tout sur les bons sentiments, le courage, et le côté enchanteur d’une réussite).
MAIS quand ces passages narrés par l’auteur sur lui-même et SA vision des choses arrivent, je suis obligée de souligner que c’est lourdingue. Ce sont de petits passages de wanna be explorateur/wanna have une connexion spéciale avec le grand explorateur/wanna be part de ce cercle de « vrais inconditionnels qui savent ».
Ces passages pas si imposants deviennent une plaie car ça pue l’enfant passionné (oui chez moi c’est considéré comme mauvais) qui veut démontrer que « oui je suis mordu, oui j’ai su voir le caractère spécial de cet aventurier, oui regardez j’ai vu tout un tas de documents auxquels il n’est pas facile d’accéder c’est un signe que quelque chose de particulier se passe, oui je laisse femme et enfant derrière moi pour entrer dans la jungle parce qu’il y a un peu de Fawcett en moi, oui je ne suis pas un aventurier mais cette fibre s’est pourtant réveillée en moi, oui je vais en Amazonie ». Je qualifierais même ça de gênant.
Donc avec ce déballage de mièvrerie s’accompagne le rappel constant que c’est un écrivrain qui va écrire un livre. Un livre ça a besoin d’un fin. Que faire ? Comment clôturer ? Depuis tout ce temps aucune cité grandiose n’a été découverte. Ce qu’il est advenu de Fawcett, son fils et le meilleur ami de ce dernier est toujours un mystère (comme sans doute bien d’autres aventuriers de la jungle sans doute moins prestigieux pour qu’on en monte tout un culte). Donc, comment mettre le point final vu que rien n’a bougé ?
Eh bah on va dans la jungle, après avoir fait le récit d’aventures mouvementées on écrit qu’en deux secondes il est possible d’atteindre des points reculés maintenant, ça ne tient même plus de l’expédition mais de la balade (donc sans intérêt, même si c’est vrai) et on va voir un chef de clan qui dit que la petite troupe serait passée par là à l’époque et qu’il se dit que 5j plus tard on a toutes les raisons de penser qu’ils se sont faits tués par une tribu moins ouverte, plus hostile. Donc on finit le livre en disant qu’on n’en sait pas + ? Non, on va voir un archéologue qui t’expliquera que les villages avaient des voies de communications, des douves, avaient réussi à cultiver cette terre infertile, avaient des danses, des chants, des musiques, des rites, une culture souvent sous-estimée etc… Ensuite tu regardes au loin et tu marques « après tout, peut-être que Fawcett a réussi à atteindre la cité de Z et que c’est ça émerveillement devant des danseuses ».
Et ça a un côté tellement pathétique pseudo-poétique. C’est rageant car on sent que l’écrivain à nulle part ailleurs où chercher, qu’il doit clôturer et que la seule manière de mettre une fin est de continuer sur son émerveillement enfantin, de faire semblant de croire au fait que Fawcett ait atteint son objectif et que c’était + subtile que l’idée qu’on s’en faisait. Ainsi le héros reste intact, il ne perd pas la face, n’est pas mort bêtement sans jamais réussir dans sa folie et on peut rendre le manuscrit à son éditeur.
C’est à la fois compréhensible et agaçant. J’ai envie de dire à la décharge de l’auteur qu’il n’avait pas d’autres choix. Seulement en fait si, il aurait pu choisir de ne pas s’immiscer dans le récit pour nous faire part de ses recherches/de son enquête (trop succinctement exposées pour avoir un intérêt quelconque), ainsi il n’y aurait pas eu la nécessité de devoir fournir le résultat de la-dite enquête. Cela apparaît comme une tentative d’un enfant (toujours) qui tente de sauver l’honneur du héros de ses nuits. Comme si le fait que Z n’existerait pas ou qu’il serait mort sans l’avoir atteint serait déshonnorant ; idée avec laquelle je ne suis pas d’accord.
De ce fait, relater les choses au point où elles sont actuellement et les théories qui courrent aurait amplement suffit.
Il est évident que je suis toujours plus prolifique quand il s’agit de critiquer négativement. Dans l’ensemble cet aspect peut rester dans une partie moins attentive du cerveau et ne pas ternir le plaisir de la lecture.
J’ai aimé avoir une fenêtre sur cette époque, j’ai aimé lire le déroulement de ses expéditions, j’ai aimé ne pas le trouver sympathique, arrogant, suffisant, intransigeant mais terriblement habité : humain. J’ai aimé essayer de comprendre comment il a pu y consacrer sa vie sans le comprendre. J’ai aimé le côté télé-réalité des embrouilles entre explorateurs, la concurrence, le mépris ou la reconnaissance.
J’ai beaucoup aimé.
Créée
le 1 avr. 2017
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