Lors du tome 1 je me suis laissée prendre complètement. Le récit alterne entre des évènements passés revenant hanter le présent de 7 protagonistes et nécessitant de leur part un retour dans leur ville d'enfance, Derry, pour affronter Ça.
La multitude de personnages et le soin qu'a apporté King à détailler brièvement la vie de chacun (même le vieux mentionné juste pour dire qu'il a remarqué un évènement fera l'objet d'une biographie succincte) sont plaisants. Plaisants parce que ça dresse le portrait de toute une petite communauté qu'il fait bon apprendre à connaître.
Puis bon, le centre du livre Ça, mystérieux, inquiétant et violent rajoute le piquant et la magie des peurs enfantines.
En somme y avait que du bon. Seulement voilà, à la fin du tome 1 on est toujours avec ce sentiment d'introduction (certainement dû au résumé annonçant un retour à Derry qui peine à venir pendant 800 pages) et on a un bout d'intrigue qui laisse présager une situation particulière et attirante (le débarquement des époux), et pourtant... Et pourtant...
Et pourtant c'est reparti pour 600 nouvelles pages qui peinent à faire avancer les choses. La superposition des évènements passés et présents - bien qu'intéressants - double la durée des évènements : le décor est le même, les personnages sont les mêmes, le but est le même, les épreuves à affronter sont les mêmes.
Étant à fond dedans j'avais hâte d'en découdre également avec Ça, de savoir ce que c'était ou tout du moins, comment l'affrontement allait se finir. Du coup j'ai lu et lu et j'étais à deux doigts de m'arracher les yeux n'en pouvant plus de cette attente, étant irritée du moindre détour qui les renvoyaient dans des situations déjà-vues. Le cliffhanger de fin du tome 1 avec les époux retombe comme un soufflé. Pas de confrontation, juste un petit dommage collatéral sans intérêt qui permet de finir sur une fin tout aussi peu intéressante.
Passé tout l'avant, et l'après du but final, passons aux reproches vis-à-vis du grand Mystère. Hum, mouais, boarf, ouais ok, d'acc', j'vois oui. La forme sous laquelle il apparaît n'a rien de franchement original (j'ai sans doute été beaucoup trop habituée à l'image de clown), le dénouement part dans quelque chose de trop wtf auquel t'y comprends rien mais t'acceptes l'information : hum, mouais, boarf, ouais ok, d'acc', j'vois oui.
J'ai rien contre le fantastique mais là c'était carrément de la science-fiction et ça m'a un peu détruit le côté mystérieux et enfantin de quelque chose qui pourrait avoir un sens même abstrait, là ça n'en avait aucun.
Pour ponctuer la piteuse confrontation (à noter que j'étais triste d'être déçue et je m'accrochais au moindre mot pour y retrouver ce qui m'avait plu jusqu'alors), on assiste à une scène complètement invraisemblable, un gang-bang dans les égouts complètement tiré par les cheveux (mais vous comprenez ils ont 12 ans et doivent se reconnecter ?!) censé tous les aider mais qui au final ne profite réellement pour leur salut qu'à Eddie (quelle nécessité de passer par tous ?).
Et c'est donc à ce moment qu'est arrivé la plus fâcheuse réaction que j'ai eu avec le livre : j'ai ri. Sérieusement, j'ai lu ça et j'ai ri. Ça n'avait aucun sens pour moi, j'y voyais quelque chose de complètement con et incroyable, j'ai ri parce que je n'avais pas compris. J'en ai parlé à une amie en lui faisant le topo de l'histoire et l'arrivée de cette scène et... elle a ri. Pouvait-il en être autrement ?
Bref, à partir de ce moment j'ai été blasée, le livre a d'autant plus tiré en longueur et ma patience était à bout (heureusement pour moi j'arrivais justement à la fin).
De la déception mêlée à de l'incompréhension. Typique de ce qui me dérange chez King, des histoires en béton qui ont tendance à trouver leur fin dans quelque chose d'inutilement abracadabrantesque (même en gardant à l'esprit qu'on se trouve dans un genre fantastique).
Je suis triste.