La Claire Fontaine par jerome60
Juillet 1873. Gustave Courbet passe la frontière suisse avec son élève Marcel Ordinaire. Le maître fuit la France et les tracasseries causées pas sa participation à la Commune de Paris. Condamné par son pays, Courbet trouve d’abord refuge à Genève avant de s’installer à La Tour-de-Peilz, sur les bords du lac Léman. Il y mourra le 31 décembre 1877.
David Bosc ne donne pas dans le portrait précis et exhaustif. La biographie qu’il propose est incomplète, se focalisant sur les dernières années d’un artiste avant tout épris de liberté. On s’attarde sur la passion de Courbet pour la baignade, sa consommation délirante de vin blanc (plusieurs litres par jour) et son goût pour la bonne chère. En Suisse, Courbet ne peint plus rien de bon et se tue à petit feu avec la boisson. Mais l’intérêt est ailleurs. L’écrivain insiste sur le coté joyeux d’un personnage à la constante vitalité. Il montre le peintre au travail, le peintre au bistrot, le peintre au quotidien.
Le style de Davisd Bosc est à la fois élégant et laconique, davantage dans l’évocation que dans la précision. Son texte est magnifique, très visuel. Sa plume brosse un portrait comme d’autres feraient un tableau, jouant sur la lumière, les couleurs, l’atmosphère. Quelques coups de pinceaux tout en concision dont s’échappent parfois de délicieuses envolée proches de la poésie.
Au final, l’hommage est sobre et vibrant : « Courbet a exercé sa liberté. Il était opiniâtre. Sa politique ? Pour tous la liberté, c'est-à-dire le devoir de se gouverner soi-même. » Une biographie comme une rêverie, loin des exercices scolaires proposés d’habitude. Entre son émerveillement et sa joie permanente d’être au monde, Courbet méritait bien ce coup de projecteur en tous points admirable et surtout éminemment littéraire.