"Isor (NB : la protagoniste, une fillette - probablement - atteinte d'autisme) n'est pas comme les autres", "elle n'entre pas dans les cases", nous dit la présentation de l'éditeur. C'est mince. Fort heureusement, un roman ne se réduit pas par principe à une intrigue, et le thème, bien traité, pourrait être fascinant. L'autrice a 21 ans, toute la presse salue par voie de conséquence sa "maturité", on se dit qu'on va y jeter un œil.
Erreur.
Alternance de monologues intérieurs de Papa (qui, étant un homme, est forcément bas de plafond et trivial, donc ne comprend rien à la différence de sa fille) et Maman (qui, étant une Mère, l'aime de toute sa pénétrante intuition féminine). Merci pour les clichés sur le genre. Ensuite viendra Lucien qui est un vieux monsieur triste et seul, mais heureusement, il y aura Isor pour illuminer sa vieille vie triste et solitaire, et lui pour la comprendre, évidemment. Pour l'ampleur romanesque, on repassera. En guise de prose maîtrisée, comme disent les journalistes, c'est tout juste honnête. Certes, pas mauvais, mais d'une telle platitude pseudo-poétique qu'on ne prend pas beaucoup de risques ("J'en arrive à espérer qu'un jour tu saches réparer ma joie", "dans notre vie le brouillard s'est épaissi et la vérité se tapit derrière", "Un peu de malheur ça se dissout vite, quand on a beaucoup d'amour", etc., etc.).
Bref. J'aurais beaucoup aimé être déçu en bien, comme disent les vaudois, mais malheureusement, ce sont toujours les mêmes recettes qui marchent : forme courte, phrases simples, une intrigue tautologique (résumée par son seul thème), beaucoup de clichés, beaucoup de bons sentiments.
Ne surtout pas bousculer le lecteur ou la lectrice. Ne surtout pas interroger. Mais c'est précisément l'intérêt profond de la lecture que d'interroger et de bousculer, n'est-ce pas ? Autrement, autant ne pas lire.