Dualité et complémentarité.
Le massacre de Shanghaï, en 1927. Des hommes : Kyo, Tchen, Gisors, Clappique, Katow, Hemmelrich, Ferral. D'autres. Une femme, May.
Ca parle de ça, La Condition humaine. D'être humains en proie à une situation extrême : la révolte, la proximité de la mort, l'engagement, la vie. Bref, ça veut dire quoi, vivre ? Comment les hommes existent-ils ? Sur un fond terrible.
Cependant, la guerre civile en Chine n'est pas qu'un prétexte à étudier la condition humaine. Elle a une importance à part entière, elle est un développement fouillé des événements, côté communiste comme côté Kuomintang, qui en profite pour présenter des protagonistes importants. Protagonistes qui, peu à peu, se dévoilent, nous laissent apercevoir une richesse extraordinaire de caractère, de vie intérieure. Et des rapports amoureux, des circonvolutions, des délicatesses, des raffinements de relations qu'il y a partout mais qui sont ici mis en plein jour. Un rapport père/fils, aussi. Des confrontations d'idées. C'est tout ça, La Condition humaine. Une situation terrible, qui est tantôt sur le devant de la scène, tantôt en retrait pour nous faire voir des humanités différentes, et qui parfois est au milieu, et le tout forme alors une unité grave, mélancolique, violente, douloureuse.
Petit bémol peut-être, pour le lecteur novice comme moi, les longues descriptions politiques paraîtront, justement, un peu trop longues - le livre n'est pas facile. Mais il faut s'accrocher. Je ne comprends pas vraiment qu'on s'ennuie en lisant cette oeuvre : il s'y passe des choses (on ne peut donc reprocher au bouquin d'être vide), mais il se crée surtout des humanités. Vie physique et vie mentale. Et moi, je trouve ça assez bouleversant.