Un titre évocateur pour un roman plus classique
J'attendais une sorte d'ouvrage critique sur la société pavillonnaire (dans la lignée des analyses sur le monde périurbain par Jacques Donzelot), mais dans le fond on a un roman plus classique sur la vie et le rapport à la mort d'une femme au 20ème siècle (qui va effectivement habiter dans un pavillon, mais ce n'est qu'un moment de sa vie dont on ne sent pas qu'il est une force structurante par rapport à son existence). La dimension sociologique promise par le titre est un peu oubliée, et on retrouve les thématiques plus classiques du rapport à sa finitude, au vide, à ce je ne sais quoi à côté duquel nous serions passé.
Il y a quelques éléments de styles assez forts, par exemple les longues descriptions très précises et didactiques d'objets du quotidien, façon encyclopédie pour ceux qui viendraient d'un autre monde. L'usage systématique du tutoiement par le narrateur est finalement agréable, même si (peut être parce que je suis un homme) je ne l'ai pas pris comme une adresse à moi-même; je me suis plutôt senti comme le témoin d'une femme parlant à une femme (peut-être la même). Pour tout ça, et par la fluidité du texte, c'est vraiment très agréable à lire.
Par contre, le propos critique est moins convaincant, soit que le propos soit excessif, soit que la volonté de démystifier les illusions que se donneraient les personnages soit un peu naïve, étant posé comme allant de soi, sans qu'aucune démonstration soit faite ou n'aboutisse.
Bizarrement, ça m'a fait penser à du Houellebecq au féminin, avec sa part de sociologie un peu moins raté, avec ses scènes de sexe plus soft, avec cette attention à la description mieux écrite, mais un texte globalement moins drôle et moins radical... et cette présence de la dépression et de la mort qui pèse sur une existence. M'enfin bon si vous n'aimez pas Houellebecq, vous pouvez lire tout de même: c'est très différent