Voile levé sur le mystère Villon
Ingénieuse est l’idée de débuter et placer la trame de “ La confrérie des chasseurs de livres ” au moment même où l’Histoire perd toute trace de François Villon. Car le génial poète, aussi débauché que malandrin, devient bel et bien le héros (presque malgré lui) de cette rocambolesque histoire mystico-historique. Quittant Paris, affublé d’un Sancho Panza à faire peur, le voici, aux ordres de Louis XI, investit d’une mission secrète qui le portera en Terre Sainte. Notre héros croisera ou sera confronté à bien des sommités tant politiques que spirituelles de ce 15ème siècle en ébullition et franchira les unes après les autres, les étapes d’un parcours initiatique où arcanes, complots et alliances contre-nature sèment le plus grand des troubles. C’est qui est formidable d’ailleurs dans ce roman. Jéruzalmy installe une relation intime et particulière entre son lecteur, qui à le savoir de “ l’après ”, et lui-même qui pose les jalons d’un monde qui éclot et par lequel chaque protagoniste semble avoir un rôle très défini à l’avenir. Jéruzalmy est aussi un grand érudit, sa plume est à son œuvre ce que le stylet est à l’orfèvre. Son écriture est précise, incisive, inventive. Il nous replonge avec réalisme et fascination dans une époque trouble, charnière qui allait donner à l’occident tout comme à l’orient, un nouveau visage, un nouvel ordre. Malgré une première partie une peu molle, la lecture de ce roman devient très vite passionnante et c’est à regret qu’on l’achève. Ce serait d’ailleurs le seul reproche qu’on pourrait lui faire. Jeruzalmy aurait du l’étoffer “ La confrérie des chasseurs de livres ”, ne serait-ce que pour toucher un plus large public, moins familier à ce contexte historique ou à sa portée spirituelle.