Une histoire de famille

Avec la saga Autre-Monde, on se demandait si Maxime Chattam ne commençait pas à sombrer dans la facilité d'écriture et dans le sentimentalisme... Suspense avec ce dernier opus.... et bien la réponse est oui et non. La conjuration primitive est avant tout une tentative de synthèse, de maturité.

D'une part, on reprendre les recettes qui marchent : du glauque, des policiers qui en chient et torturés et du bon gros psychopathes à faire passer Marc Dutroux et Charles Manson pour des animateurs de colo. Et pour ça, les meurtres et les descriptions des scènes de crime sont relativement bien sympas!

Maxime Chattam reprend ainsi un peu là où il s'était arrêté avec la trilogie de l'homme (Prédateurs, la Théorie Gaia, les Arcanes du chaos), à savoir la noirceur de l'homme et les gros nuages gris de violence qui s'amoncellent au dessus de la tête de l'humanité bien neuneu ne sentant pas le vent tourner. Dans la Conjuration primitive, il est possible de dire que les premiers éclairs apparaissent et que nous sentons que l'orage va pas tarder à nous péter à la gueule.

D'autre part, et c'est touchant, on sent que Chattam s'humanise (mariage, paternité, couches, rotototo, toussa toussa). Ce qu'il était possible de ressentir comme un penchant malheureux vers la littérature jeunesse avec Autre-Monde (toutes proportions gardées avec Narnia tout de même) semble être en réalité une facette de l'auteur qui semblait voir démontrer autre chose. Qu'il n'était pas une machine à pondre du tueurs en série. Pour ce nouveau livre, il le fait à petites doses, on sent qu'il humanise ses personnages, son propos. En fait, pour un thriller, c'est plus chaud, plus doux... comme la peau d'un bébé (qui sèche sur un radiateur).

Bref, la Conjuration primitive ne révolutionne pas le genre, l'histoire et l'écriture sont toujours au top (même si les ficelles sont de plus en plus grosses au fur et à mesure mais ce n'est pas nouveau) et ce nouvel opus semble marquer une nouvelle étape chez son auteur. Peut être le début d'une saga à laquelle on ne revient que lorsqu'on a dit des choses à dire ou à présenter.

Enfin, on sent également, et c'est selon moi un signe de maturité, l'envie chez Maxime Chattam de faire le lien entre, non seulement ses personnages (retour de Joshua Brolin), mais surtout entre ses univers (les passerelles entre la société actuelle et celle d'Autre-Monde) et sa vie d'homme.

Maxime Chattam a grandi et c'est bien.