L’un d’eux raconte comment deux hommes qui ne se connaissaient pas avant se retrouvent à survivre ensemble après une épidémie qui a rayé de la carte une bonne partie de l’humanité. À la librairie, trois piles de romans se trouvaient sur une feuille où il était écrit « Si vous aimez ça, vous aimerez ça et ça », avec six flèches : Au nord du monde de Marcel Theroux, la Route de McCarthy et la Constellation du chien. Je n’ai pas lu le premier, mais il faut reconnaître que le troisième est une alternative tout à fait acceptable au futur classique qu’est le deuxième.
Dans la Constellation du chien, on a sur l’origine du cataclysme davantage de détails que dans la Route. Mais, servi par un même sous-texte religieux évident, le propos est tout aussi riche, et le duo formé par Hig et Bangley, qui « fonctionne vraiment comme un vieux couple » (p. 49), tout aussi intéressant que le père et le fils de McCarthy. Les repérages en avion quotidiens de l’un permettent à l’autre d’exterminer tout survivant qui pourrait en vouloir à leur maisons perdues dans le désert. Le contemplatif et la brute ; l’homme de l’air et l’homme du feu ; les yeux et les muscles (p. 14) ; le nomade et le sédentaire ; Hamm et Clov ; etc.
Là où Heller est bon — McCarthy aussi, hein —, c’est qu’entre les digressions lapidaires d’autant plus lapidaires qu’elles tapent souvent juste, il arrive à faire évoluer régulièrement une situation extrêmement statique sans que cela paraisse invraisemblable. Quatre cents pages d’un récit post-apocalyptique où il se passe toujours quelque chose, et qui, n’en déplaise à Queneau, sont à la fois une Iliade et une Odyssée.