À défaut d'avoir pu mettre la main sur Le Pigeon dans ma bibliothèque universitaire j'ai dû me rabattre sur un autre livre de Patrick Süskind. Toute serrée entre deux épaisses éditions du Parfum j’ai vu La Contrebasse qui étouffait.


Écrite sous la forme d’un long soliloque cette pièce de théâtre qui s’étale sur à peine 70 pages est agréable à lire, rapide et drôle. Le seul personnage de cette pièce, un musicien de l’Orchestre National, un fonctionnaire, nous raconte sa relation pour la moins ambivalente avec son instrument de musique.


On est captivé par la progression du récit, on assiste tout d’abord à un éloge de la contrebasse, une déclaration d’amour et de respect pour un instrument de l’ombre qui est pourtant essentiel, indispensable, même fondamental à tout orchestre. Puis la frustration du musicien transparaît doucement. La contrebasse c’est encombrant. Dans une voiture ou dans un appartement, c’est un instrument qu’on a du mal à cacher, qui reste planté, qui vous regarde quand vous faites l’amour. La contrebasse est exigeante, y jouer est un sport, une musculation qui vous donne des cornes aux doigts. Elle est capricieuse, n’apprécie aucun changement de température. Le musicien lui cède même son manteau lorsqu'elle a froid.


Cette contrebasse le fait rêver, puis se lamenter aussitôt. Il a besoin d’attention et de reconnaissance, il est pourtant coincé au fond de l’orchestre, ignoré et écrasé par cette hiérarchie contre laquelle il ne peut rien puisqu'il n’y a aucune place pour un ascenseur social au sein d’un orchestre.


C’est court, juste et ça fait pas de mal. Ça se lit en écoutant du Schubert et surtout pas du Mozart.

Maxime_Dumon
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le 9 avr. 2017

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Maxime Dumon

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