Le mauvais instrument ?
Pièce de théâtre très courte mais drolatique.
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le 4 août 2023
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Je ne connaissais pas ce texte. La première fois que j'en ai entendu parler, c'est lorsque Jacques Villeret l'a joué en 1998. De quoi s’agit-il ? simplement d’un homme de 35 ans qui connaît une solitude forcée, un petit fonctionnaire de l’Orchestre National qui a renoncé à une carrière de virtuose plus en vue, pour se planquer derrière une fonction de titulaire, plus invisible, mais devenu insignifiant à ses yeux ! S’il fait bien partie d’un orchestre, il y est remisé à un rang qu’il estime ne pas être le sien. À cause de cela, il va devenir irascible et passer ses nerfs sur son instrument, n’y voyant qu’un exutoire; comme se contentant de boire de la bière ou caresser les formes de sa contrebasse, faute de pouvoir effleurer celles de Sarah, la chanteuse soprano qu’il aime en secret, qui ne le connaît pas et qu’il n’aura jamais.
C’est un être cupide, envieux, pusillanime, méchant et sans envergure qui remet chaque jour au lendemain le coup d’éclat qu’il prépare depuis longtemps, celui de lancer son cri d’amour à Sarah, en plein orchestre, ce qui attirera l’attention sur lui… mais lui coûtera sa place ! Il est amer, un peu raciste, quant à la musique, s’il en joue, c’est sans l’aimer vraiment.
D’un point de vue sociologique, Ce personnage incarne à la fois la solitude forcée d'un individu écrasé par les échecs et les aspirations impossible au sein de la société de classe.
Un bijou de théâtre populaire car il y est question à la fois de l’intime et du collectif, d’un être humain, dans ses grandeurs et ses petitesses, aux prises avec la machinerie sociale – ici représentée par l’orchestre classique, corps hiérarchisé par excellence.
À travers le personnage du contrebassiste, une sorte de musicien ouvrier se jouent les frustrations et les luttes internes d'un individu relégué au rang de figurant. Sa relation amoureuse imaginaire avec Sarah révele sa position sociale au sein de l’orchestre, il est de ce fait insignifiant au yeux de la soprani.
Le monologue marathonien du contrebassiste correspond bien à l’individualisme moderne de la désagrégation sociale, tout en exposant les inégalités de classe et les désillusions qui minent la société. Le personnage se révolte et se débat, cherche des moyens d’exister malgré tout, d’avoir lui aussi « son heure de gloire».
La magnificence invite le spectateur à la prise de conscience en illustrant la perpétuation des hiérarchies sociales et des injustices au sein même d'une institution artistique.
L'échec de la tentative du contrebassiste de faire entendre sa voix au sein de l'orchestre résonne comme un écho des luttes des classes opprimées pour se faire entendre dans une société qui favorise les privilèges et la stratification.
"La Contrebasse" offre une critique sociale acerbe, mettant en lumière les divisions de classe et les barrières sociales.
Créée
le 28 févr. 2024
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