C'est l'histoire d'un mec qui bosse comme correcteur dans une revue. Trouvant de plus en plus d'erreurs dans les textes qu'il relit, il se demande si sa patronne ne les ajoute pas exprès. Voilà pour le pitch, qui est la raison pour laquelle j'ai lu ce livre.
Mais ce point de départ est très vite oublié pour laisser place aux pérégrinations d'un personnage totalement transparent. Il va au bureau, il relit des articles et corrige essentiellement des énormités ("j'ai été", "malgré que"), il rentre chez lui et se dispute calmement avec sa femme. Il semble ne rien ressentir, au même titre que tous les autres personnages. Il a une vague attirance pour sa patronne, mais difficile d'y croire car elle se caractérise simplement par des phrases du style "sa jupe la moulait parfaitement" par intervalles de 30 pages, comme si l'autrice ne se sentait pas capable de développer les sentiments de son personnage. Le problème, c'est que c'est comme ça à tout instant, et avec tous les personnages.
Le style est plat, voire maladroit. Le narrateur (qui est censé être un pro de la langue française) commet même quelques fautes de syntaxe à l'occasion. C'est assez ironique puisque d'autre part il méprise ses collègues pour leurs faibles qualités rédactionnelles. À un moment on le voit corriger le pléonasme "au jour d'aujourd'hui" puis quelques pages plus loin il annonce : "il pleuviotait un peu" puis encore plus loin "ses hiéroglyphes abscons".
L'autrice a également la fâcheuse tendance à user de synonymes pour éviter les répétitions (ainsi un Post-It évoqué au détour d'une phrase devient un "papillon adhésif" à la ligne suivante). On passe sur les expressions idiomatiques éculées, les maladresses rhétoriques et les métaphores vaseuses ("ses seins saillaient en pointe, tendus vers moi comme deux pieux prêts à s'enfoncer sur mon poitrail").
On arrive quand même jusqu'au bout puisque l'écriture très factuelle fait que ça se lit très vite (d'autant que le livre est assez court et aéré). On arrive alors à un dénouement qui se déroule en une poignée de pages, et là il se produit une sorte de twist dont je n'arrive pas à savoir si j'ai rien compris ou si c'est complètement con. Je laisse à l'autrice le bénéfice du doute, mais ça n'améliore en rien le sentiment global que j'ai sur ce bouquin :
Bof.