Résumé
Malgré un style encore un peu brouillon, John Steinbeck nous livre un récit intéressant sur les rêves démesurés d'un homme dont la simplicité de l'histoire n'entrave pas pour autant les différentes réflexions qu'elles provoquent.
Détails (et quelques révélations)
Le rythme du récit est assez particulier, alternant entre un début assez lent et une suite d'évènements importants mais souvent entrecoupés d'ellipses dans les deux derniers tiers du roman. On sent que la maitrise n'est pas encore totale mais il y a probablement une volonté de faire correspondre cette narration à la dichotomie entre le calme de l'enfance et l'enchainement infernale des années de flibusterie.
Il est assez difficile de bien cerner les différents messages de l'auteur, mais le roman permet d'ouvrir plusieurs questionnements intéressants sur nos rêves d'enfants, le danger des ambitions dévorantes et l'horreur des passions prédatrices. Sur la question des rapports hommes femmes, on ne peut pas vraiment dire qu'il y a une condamnation claire de la domination masculine, mais certains passages peuvent être interprétés comme donnant lieu à une réprobation des violences commises par les pirates à l'égard des femmes. La religion occupe une petite place en fin de récit mais n'est pas au centre du livre, bien qu'il soit possible de faire des liens entre la quête de rédemption et les différentes aventures d'Henry Morgan.
Enfin, la manière dont les vifs dialogues permettent de décrire la duplicité d'Henry Morgan est à la fois très subtile, mais suffisamment répétée pour que l'on comprenne les malaises de ce pirate qui a trop vite abandonné sa terre natale et son amour de jeunesse pour courir éperdument derrière une gloire chimérique faites de pillages, de violences sexuelles et d'une inextinguible soif de reconnaissance sociale.
7.25/10