Platon, Aristote, Kant, Hegel, Marx, Nietzsche & cie.
La crise de la culture est un livre dont j'entends parler depuis longtemps, dont je connais un peu les thèses, mais dont la lecture se révèle fortement décevante parce que c'est plus de l’épistémologie que de la philosophie "pure". Disons qu'elle cite beaucoup de philosophes, qu'elle les met en relation et du coup ça me fait plus penser à un travail universitaire (je ne connais pas le contexte de l'écriture) qu'à un réel travail de pensée philosophique. Aussi elle est assez modérée dans ses propos, disons qu'en général (pas sur tout, évidemment), je suis assez d'accord avec le constat, mais elle ne va pas jusqu'au bout, je pense notamment à toute la partie sur l'autorité qui était celle qui m'intéressait en priorité et en fait on se retrouve avec un long historique de cette notion... ce qui n'est pas inintéressant, j'en conviens... et ça me fait penser que je pourrai plus aimer la République de Platon que Phèdre ou le banquet... mais je pensais lire un truc plus important sur la critique de la démocratie, entraînant cette crise de l'autorité.
Du coup l'aspect du livre que j'ai préféré c'est d'avoir les pensées résumées d'auteurs intéressants que j'ai lu ou que je compte lire sur des notions intéressantes (liberté, éducation, politique, culture). Je pense par exemple à la différence entre Spinoza et Kant sur la liberté de penser, où Spinoza disait qu'empêcher les gens d'exprimer certaines opinions a pour unique conséquence que les gens ne disent pas ce qu'ils pensent, là où Kant dit que si on ne peut pas exprimer une opinion publiquement on est privé de la liberté de penser.
Je note cependant une idée que je rejoins sur la crise de la culture où elle dit qu'une société de consommateur ne peut prendre en souci un monde car si on est un consommateur, ça implique la ruine de tout ce à quoi on touche. Forcément, c'est tout ce que je dénonce, cette société de consommation !
Elle place la remise en cause de l'autorité avec Marx et Nietzsche (bon je pense qu'on peut chercher plus loin), mais elle n'a pas fondamentalement tort, car un Nietzsche avec le fait de devenir ce lui qu'on est refuse toute forme d'autorité (notamment morale). Idem pour Marx, mais avec des enjeux assez différents, moins axés sur l'individu.
Bref c'est un livre qui véhicule des idées, des constats intéressants, mais bon, ça reste un peu trop "sage", "gentil" je m'attendais à quelque chose de plus flamboyant qui puisse m'emporter totalement. Mais ça va sans doute me pousser à lire Hegel, un mal pour un bien (peut-être).