[Avis tiré de ma fiche de lecture du livre, d'où le manque de transitions, le caractère descriptif avant tout, etc.]

« Nous évoluons dans un monde que nous avons construit collectivement, mais que nous ne comprenons plus individuellement. »

L’intérêt du livre est principalement de nous rapporter des faits, de nous rapporter les dernières actualités des capitalistes fous, et ce dans tous ses détails. Ça doit être un travail harassant et fatigant de travailler sur ce sujet, d’aller fouiller la merde très complexe et ennuyeuse du Capital vert.

Nous sommes nombreux à bien savoir que le capitalisme vert sera notre futur et qu’il sera détestable dans son entièreté. Non seulement ces abrutis de capitalistes nous forceront à adopter une vie asséchée, laidement technologique, mais en plus, ils ne seront même pas capables de lutter réellement en faveur de l’écologie.

Les premiers chapitres commencent par le début des années 2000 aux USA : on nous parle « Convergence des NBIC » (nanotechnologies ; biotechnologies ; sciences de l’information ; cognition). Le but est de mettre l’innovation et la technologie au service de l’écologie et de la société du futur. Il y a deux socles à cette idéologie : le transhumanisme et l’écologie de marché. Et cela reposera sur des technologies extrêmement complexes et tout à fait nouvelles. En gros : il faut solutionner le problème écologique en produisant toujours davantage est complexe, il faut donc des humains augmentés pour s’y atteler, CQFD.

Puis, la Commission européenne sort des rapports similaires à ceux des USA, mais insiste un peu sur les aspects potentiellement négatifs (du pdv éthique notamment). Au fil des rapports européens et français, ces préoccupations s’estompent progressivement et ils se concentrent sur les stratégies afin de se lancer dans ces secteurs considérés comme clés du futur.

La Chine s’est aussi massivement lancée dans la convergence NBIC avec les nouvelles routes de la Soie.

Dans un autre chapitre, l’autrice montre que d’énormes parts des terres dédiées à l’étranger aux agro-carburants (qui provoquent des déforestations, des déplacements de populations, etc.) remplacent des cultures qui auraient servi à nourrir les habitants des pays les produisant. Ils servent, à la place de cela, à fournir en carburant les voitures européennes. Colonialisme vert…

H. Tordjman met en avant l’absurdité et les effets pervers des « innovations » comme les biocarburants ; celles-ci resteront toujours polluantes puisque les capitalistes comptent au moins continuer de produire autant qu’actuellement, bien évidemment, et que dès lors qu’on prend en compte la totalité de leur chaîne de production, elles restent polluantes. Ces biocarburants impliqueraient des monocultures géantes privées de toute autre forme de vie. De plus, certains de ces recherches n’en sont qu’à un stade très peu avancé et ceux qui ont le pouvoir comptent sur elles de manière absolument certaine.

L’autrice met ailleurs en avant la croissance de la propriété intellectuelle : tout devient brevetable, même des organismes vivants, même de légères modifications de ce qui existait déjà, ou encore la simple découverte de quelque chose existant dans la nature. L’OGM sert aussi à ça : modifier afin de breveter. L’entièreté de la planète pourrait prochainement être l’objet de la propriété privée et de son exploitation économique.

H. Tordjman explique également que les capitalistes veulent donner une valeur marchande à la nature car ce serait le seul moyen de la protéger. La valeur d’un hectare de récif corallien serait donc quantifiable. Cela implique une réification de la nature (car cette dernière se distingue en réalité d’une simple « chose »). La valeur de la nature dépendrait ici uniquement de ce qu’elle rend comme « service » à l’humanité (anthropocentrisme). Le capitalisme vert sert donc avant tout à étendre le capitalisme au vert. Réification et anthropocentrisme extrêmes.

L’autrice montre qu’existe un véritable droit de polluer dès lors que l’entreprise replante des arbres ailleurs (afin de capturer le CO2) dans le but de « compenser » (c’est le projet REDD+). Cette façon de faire entre souvent dans les faits en contradiction avec le droit des peuples autochtones de vivre sur leurs terres, ceux-ci sont de plus en plus chassés de chez eux au nom de la « séquestration du carbone ». On peut parler d’un phénomène de nouvelles enclosures et à nouveau d’une forme d’impérialisme / colonialisme.

Le livre a également un chapitre sur la finance verte qui explique que les entreprises les plus polluantes du monde peuvent aisément se retrouver avec des labels verts. La finance n’est bien sûr aucunement capable d’être écologique.

H. Tordjman termine par une conclusion où elle s’empare du sujet de l’agriculture pour montrer qu’une autre façon de faire est non seulement possible, mais qu’elle est aussi souhaitable en termes de diversité d’aliments, d’efficacité, etc. Il ne faut pas opposer agriculture industrielle ultra-efficace et agriculture écologique à la fourche et parfaitement improductive.

Seingalt
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le 30 oct. 2022

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