C'est avec ce troisième tome que s'achève la grande épopée de "Christine Lavransdatter" qui a valu à Sigrid Undset le prix Nobel de Littérature en 1928.
Pour le lecteur contemporain, plonger dans l'univers de Christine est tout à fait improbable : que connaissons-nous en effet du Moyen Age norvégien ? En tout cas, moi je n'y connaissais rien et si je ressors de cette saga fleuve sans en connaître beaucoup plus sous le rapport politique et historique, j'en connais désormais un rayon sous celui de la vie quotidienne et de la spiritualité (étroitement liées).
A défaut de bien connaître la Norvège je connais bien la Suède, sa voisine. A travers l'oeuvre de Sigrid Undset, j'ai donc retrouvé avec plaisir les traditions et le folklore scandinaves. La vie à la ferme, les différences sociales, le rapport à l'Eglise et à la religion catholique (nous sommes au XIVème siècle et la Réforme est encore loin) et les relations familiales prennent vie sous la plume précise de l'auteur, magnifiée par la poésie qui se dégage de chaque description.
Le lecteur, qui s'est déjà attaché dans les tomes précédents à Christine et à son mari, le chevalier Erlend, les accompagne volontiers dans leur maturité, à travers hélas un nombre croissant d'épreuves. La destinée des sept fils de Christine et d'Erlend n'est pas non plus émouvoir le lecteur qui les a vus naître et devenir des hommes.
Beaucoup d'humanité se dégage de cette oeuvre colossale (l'intégrale compte plus de mille pages) et s'il est vrai qu'il y a des longueurs, par ailleurs inévitables quand on choisit une narration chronologique axée sur toute l'existence d'un personnage, j'ai pleinement subi - comme tant d'autres lecteurs avant moi - le charme puissant et enchanteur de cette épopée qui a définitivement toute sa place parmi les grandes oeuvres littéraires du XXème siècle.