Jamère, depuis son plus jeune âge, est promis à une carrière militaire. Après avoir passé une partie de son enfance, entouré de ses soeurs, son père a décidé que son instruction devait commencer. Pour cela, divers anciens militaires vont former le jeune adolescent, même un Nomade. A ses 18 ans, il intégrera l’école militaire qui lui permettra de rejoindre la Cavalla, l’armée du roi.
Je n’arrive pas à comprendre comment j’ai pu mettre autant de temps pour lire ce roman. A mon grand désespoir, je voyais les pages défiler petit à petit. Je vais rassurer ceux qui vont lire ma critique. Le roman est très bien écrit. Le lecteur se passionne pour l’histoire de Jamère qui commence. Le roman est vraiment très dense car il couvre de nombreuses années, son début d’apprentissage pour intégrer l’armée du roi, mais il y a également de nombreux personnages et des paysages qui sont très bien décrits, qui couvrent de nombreuses pages et qui sont indispensables au roman et à l’évolution de Jamère qui découvre le monde. C’est certes un roman pour adolescent mais je pense qu’ils doivent tout de même être assez âgés pour tout comprendre et ne pas se perdre et surtout pour ne pas abandonner ce roman.
Plusieurs mondes se côtoient. La noblesse de souche qui voit arriver d’un très mauvais oeil cette noblesse nommée par le Roi, à cause de leurs faits d’armes. L’ordre établi s’en trouve bouleversé et risque de donner lieu à des soulèvements, voire des affrontements. Ceux qui ont été anoblis ne risquent pas de se rebeller contre leur Roi, qui est leur Chef suprême. Mais les autres ? Car les jeunes qui arrivent, en particulier le deuxième fils qui doit s’engager dans l’armée ne l’acceptent pas car cette évolution de la société ne leur plait pas. On s’en rend également compte dans l’école militaire de Jamère où les fils des nouveaux nobles doivent faire face aux brimades et, plus que tout, à l’expulsion. Cette description de la société n’est pas nouvelle. Certains ne veulent absolument pas perdre leurs prérogatives alors que la nouvelle noblesse s’installe sur des terres arides, vierges, comme Grandval où le père de Jamère est devenu un seigneur, veut faire évoluer la société et permet à d’anciens compagnons d’armes, leurs familles, de s’installer, d’avoir un emploi selon leurs compétences. Mais cet engagement doit être total car ces nouveaux propriétaires sont des meneurs d’hommes.
La famille, les coutumes, le poids des traditions, la hiérarchie sont bien ancrés chez Jamère. Il ne doit pas se révolter contre ce qui a été établi pour lui. Il veut que son père soit fier de lui, avant tout. Il devra être un chef, mener une armée. Diverses expériences vont toutefois le faire réfléchir, tout comme ce que lui a annoncé son professeur sur son futur avenir. Il est en décalage mais il n’en a pas encore pris conscience. Cela pourrait être une sacrée rupture entre lui et sa famille, entre lui et la jeune fille qui lui est promise. Pour le moment, avec ses compagnons d’école, il se rend compte qu’il n’a pas les qualités d’un meneur d’homme. Se révoltera-t-il ? Il commence à en prendre le chemin même si cela commence par des faits qui démontrent l’injustice qu’ils subissent. En ayant passé quelques semaines avec un Nomade, son père, voulant bien faire, lui a fait entrevoir un monde de croyances, de violences, de peuples, de magie qui ne veulent pas tomber sous le joug des plus riches. Coutumes également avec les mariages établis entre un jeune garçon et une jeune fille. L’auteur, s’adressant à des adolescents, édulcore tout de même ces mariages forcés avec le coup de foudre et les premiers émois amoureux entres deux jeunes gens, qui devront tout de même attendre avant de se marier.
Toutes les expériences vécues par Jamère lui serviront. Le lecteur grandit avec lui, l’accompagne quand il subit de nombreux faits, des violences, s’émerveille quand il découvre la forêt. Pour tout dire, malgré la densité de ce roman et des aventures vécues par Jamère, souvent extraordinaires, car l’auteur mêle la magie, l’irréalité, les croyances, je ne suis pas arrivée à avoir de la compassion pour lui. Je ne pense pas que l’auteur veuille de ça mais je pense qu’il veut démontrer que Jamère a son destin entre les mains et qu’il prendra des décision, même si ça doit lui coûter l’estime de son père, l’amour et la compréhension de sa famille. Son père lui a donné une très bonne éducation. Il part avec de bonnes bases quand même car il semble en avance sur ses compagnons d’école. Il doit montrer qu’il est l’égal des nobles et se comporter comme telle, avec déférence et surtout faire honneur à sa famille.
Par certains égards, le roman est dur à cause de la violence faite envers les femmes, en particulier les métisses ou ce qu’a connu Jamère lorsqu’il était avec le Nomade. Il y a également de l’espoir lorsque le Roi Troveri permet à ceux qui sont condamnés de purger leur peine dans un endroit pratiquement pas civilisé. Mais ensuite ils peuvent obtenir une terre et tenter de faire vivre leur famille qui les a suivis. Le pays est en véritable construction. Il faut coloniser les terres arides, tenter d’amener à la civilisation tous ces peuples nomades.