L’agilité de Todd avec ces angles de vue toujours très originaux est avant tout un support à la réflexion personnelle. Il dresse ici un argumentaire construit rendant visible et explicite cette sorte d’intuition que nous sommes très nombreux à ressentir, d’un effondrement occidental, dans les actes, dans les valeurs et maintenant dans les résultats avec cette médiocrité flagrante des dirigeants qui gouvernent une grande partie des pays occidents. Choisir Trump, Biden, Harris c’est de toute manière faire gagner la médiocrité, idem en Angleterre avec Bozo, en France avec son coq Macron, pourtant mozart de la finance mais plus sûrement terminator des services public, de l’éducation, de la santé et maintenant de la démocratie … Alors effectivement, quand on ne mise plus sur l’éducation, pour fabriquer des ingénieurs et des scientifiques ancrés dans la réalité, et qu’on entretient et reproduit une caste de privilégiés dont la belle situation n’a plus rien à voir avec une quelconque méritocratie, il n’est pas étonnant que des défaillances finissent par se voir. Les critiques négatives de l’ouvrage sont également édifiantes de la démonstration de Todd. Certains occidentaux sont tellement hors sol et en dehors de la réalité du monde, que lorsque Todd fait une critique aussi argumentée de cette faillite en cours de l’occident, ils n’en parlent même pas, alors que c’est l’objet de l’essai. Non, pour eux Todd parle d’autre chose, le livre serait un éloge à Poutine, une bouffée réactionnaire anti-woke, alors que ce n’est pas son sujet. Je ne dit pas qu’ici ou là, Todd ne se laisse pas entraîner par sa verve. Forcément pour les plus réfractaires à la pensée Toddienne, Todd serait devenu un chantre de droite, limite raciste et antisemite, histoire de bien rester dans leur déni, ses arguments ne seraient pas scientifiques ou contredits par des chercheurs, etc. Dire que toute opposition à la GPA, aux lobbys transgenre qui réfute toute distinction basée sur les chromosomes, que toute critique réflexive des guerres impliquants les occidentaux, serait forcément réactionnaire, c’est aussi un déni de réalité. Et c’est justement dans ce déni de la réalité que ce situerait pour l’auteur, une partie de la faillite de l’occident, incapable de se regarder en face, sans un aveuglement voire une condescendance extrême à l’égard de ses propres échecs (crises des opioides, mortalité infantile, baisse de l’espérance de vie, explosion des inégalités, perte du sens commun, destruction des classes moyennes …), l’axe du bien occidental excluant de facto, toute la diversité et la liberté des autres habitants du monde pour essayer d’imposer ses mœurs et répandre ses lubies déréalisantes. En conclusion, je dirais que si ce livre pouvait être lu et avoir une influence sur nous autres occidentaux pour impulser une énergie à faire renaître sous d’autres formes que celles qui ont sans doute participer de la grandeur de l’occident, une ambition du bien commun plutôt que cette lente descente aux enfers que nous subissons sur tous les tableaux (éducation, santé, démocratie, journalisme …) alors peut-être nous pourrions faire mentir le prophète Todd et ce serait une bonne chose.