Un roman salé qui part au galop à la moindre vague

Au moment où parait L’Ivresse des libellules (Michel Lafon), papa me met entre les mains La délicatesse du homard de Laure Manel, le premier roman de l’auteure. J’avais vu circuler sur Instagram la couverture de son dernier roman avec un brin de curiosité. Le hasard fait bien les choses, me voici donc en pleine lecture de cette parution aujourd’hui édité chez Le Livre de Poche.


Laure Manel entretient le mystère


L’auteure entoure les deux personnages principaux d’une aura mystérieuse qui tangue de l’un à l’autre, page après page. En choisissant d’alterner les points de vue d’un chapitre à l’autre, celui de François, celui d’Elsa et ainsi de suite, elle égraine par ci par là les informations sur leurs existences à tous les deux. Elsa semble dès le début la source de tous les secrets, mais nous découvrons que le passé de François est lui aussi verrouillé à double tour.


Je me suis totalement laissée avoir par la description et les attitudes de ce dernier. Directeur d’un centre équestre en Bretagne, il était pour moi âgé d’une cinquantaine d’années. Un homme mûr, poivre et sel, robuste, les mains rugueuses de celui qui manie les reines à longueur de journée. J’y voyais pour Elsa comme un mentor, un guide spirituel qui pourrait lui transmettre son expérience sur le chemin de sa nouvelle vie à travers sa passion pour les chevaux et la côte sauvage.


La bascule amoureuse


Et j’apprends vers la moitié du roman, que François est en réalité âgé de 37 ans. Elsa ayant 32 ans, j’ai tout de suite senti ce qui allait arriver. Et ça n’a pas loupé ! Autant j’ai adoré la première partie du roman consacrée à une quête personnelle pour les deux personnages, une rencontre fortuite qui peut vous changer la vie, une belle relation de confiance qui démarre sur la méfiance pour se transformer en un échange riche, complexe mais bienveillant. Une ambivalence psychologique que Laure Manel décrit et amène à la perfection, avec douceur et délicatesse. Jusqu’à ce que le roman dérive sur le sentiment amoureux.


Pourquoi pas. Mais du premier baiser jusqu’aux totales révélations d’Elsa et François sur le passé se tisse une valse des sentiments trop longue à mon goût. Le chemin initiatique emprunté par les deux personnages se transforme en love story, agréable certes, mais trop évidente, trop « fleur bleue ». Elsa se pose beaucoup trop de questions sur cette relation, elle s’apitoie, avance puis recule. Laure Manel insuffle une belle spontanéité dans ce récit, spontanéité qui s’essouffle au moment où les coeurs s’enflamment.


La délicatesse du homard est un joli roman, sans aucun doute. Fluide, fort, beau et sincère. Je ne me suis pas ennuyée, juste un brin de lassitude au milieu du livre pour retrouver, à la fin, l’énergie communicative du début. Il me tarde de commencer L’ivresse des libellules pour trouver dans l’écriture de Laure Manel l’évolution de l’auteur depuis ses premiers mots.


Rendez-vous pris dans quelques semaines avec ce livre dont on entend tant parler !

LesMotsdesAutres
7

Créée

le 7 juin 2019

Critique lue 732 fois

Critique lue 732 fois

D'autres avis sur La Délicatesse du homard

La Délicatesse du homard
Larmes-des-Heliades
9

La Délicatesse du Homard

Ma première critique va à ce livre de Laure Manel que j'aime tout particulièrement. Si je ne devais donner que des mots-clés pour le décrire je dirais : fragilité, reconstruction et espoir...

le 6 avr. 2024

1 j'aime

La Délicatesse du homard
lescomplaisances
3

Déjà vu, problématique, d'un ennui mortel.

Un livre long, sans intérêt, avec une histoire tirée par les cheveux digne d'une série sur TF1. L'héroïne est retrouvée par son "sauveur" sur une plage en Bretagne et il décide de l'accueillir chez...

le 22 déc. 2022

1 j'aime

La Délicatesse du homard
LesParaversdeMillina
8

Critique de La Délicatesse du homard par LesParaversdeMillina

L’auteure m’a bien surprise. Cette histoire est une histoire de rencontre, de vie sans fioriture. Elsa se cache derrière un faux nom, elle a tout abandonné du jour au lendemain. Pourquoi une telle...

le 16 nov. 2022

1 j'aime

Du même critique

Le Cri des Corbeaux
LesMotsdesAutres
8

Une première parution pour Matthieu Parcaroli

Quand Matthieu Parcaroli m’a proposée de recevoir son livre, j’ai tout de suite dit oui ! Des livres, j’en lis beaucoup, mais il est rare de pouvoir discuter avec son auteur, de sentir l’excitation...

le 7 juin 2019

1 j'aime

L'Enquête du Barry
LesMotsdesAutres
5

La réalité historique au service de la fiction

Il ne fait aucun doute que je suis une adepte des romans policiers et des thrillers, mais je n’avais encore jamais tenté l’expérience du roman policier historique, alors quand on m’a mis dans la main...

le 7 juin 2019

1 j'aime

La Mémoire fantôme
LesMotsdesAutres
8

Thilliez met à mal la gente féminine

Même si ces derniers jours, tous les fans s’arrachent le dernier Thilliez du moment LUCA aux Editions Fleuve, ce n’est pas dans cette nouvelle publication que je me suis plongée – rassurez-vous je...

le 7 juin 2019

1 j'aime