Tout le monde meurt et Narnia explose
Êtes-vous un auteur de romans pour enfants à succès ? Vous cherchez comment terminer une saga en mocheté ? Vous ne savez pas quoi faire de vos personnages ? Vous souhaitez décevoir tout le monde ? Ne cherchez pas plus loin ! C.S. Lewis a LA solution ! La fin la plus nulle de tous les temps est à vous si vous parvenez à lire La Dernière Bataille.
Le bouquin commençait plutôt... différemment. Déjà, il faut attendre la moitié du livre pour que soient propulsés dans Narnia les enfants de notre monde (une nouvelle fois Eustache et Jill). Ces derniers, ont pris un repas avec Digorry et Polly et 3/4 des Penvensie (mais pas Susan, haha, Susan, tu cachais bien ton jeu !) et ont reçu la visite du dernier roi de Narnia, bien blond et bien blanc et bien vertueux (il ressemble trait pour trait à tous les autres dont il est la transposition parfaite) qui leur demande leur aide. Ils essaient ensuite désespérement d'aller à Narnia, allant même jusqu'à déterrer les anneaux du Neveu du Magicien, alors qu'on sait pertinemment qu'on ne peut pas aller à Narnia deux fois par le même moyen ! Sinon les méchants sont un singe allié des Calormènes (l'équivalent Narnien des musulmans/païens/idôlatres/barbares) et Tash, le très très vilain dieu qui est une allégorie subtile (haha) du diable.
Le dernier tome rassemble hélas les travers les plus terribles de la saga : racisme éhonté, misogynie infecte, imagerie chrétienne même plus subtile, tout y est et décuplé. Quant à la fin... elle laisse un goût amer dans la bouche car elle est somme toute paresseuse et sombre.
Plus intéressante est l'histoire de Susan. Si Lucy et Peter (yawn) n'ont jamais fléchi, si Edmund a été un sale traître, et Eustache un enquiquineur, Susan la gentille illustre la chute dans le cœur d'Aslan. Elle n'est plus une amie de Narnia et ne gagne donc pas la même chose que ses frères et sœurs à la fin (mais quoi, surprise... !) Cela la propulse instantanément au rang de personnage le plus intéressant de la saga. On la savait belle et douée avec un arc, on la découvre hérétique. Neil Gaiman lui a consacré une nouvelle "The Problem of Susan" que je meurs d'envie de lire.
Bref, Narnia rejoint le rang de ses sagas pour enfants qui ne savent pas proposer une fin correcte. Je suis déçu, mais au moins je l'ai lu.