C’était l’un des livres les plus commentés avant que le confinement ne vienne mettre le couvercle aussi sur le monde des livres. La Dictatrice, c’est le titre du nouveau roman de Diane Ducret publié aux éditions Flammarion. Dans ce roman, la native d’Anderlecht en Belgique imagine l’émergence d’une dictature contemporaine menée par… une femme. Si, si, c’est possible !
La bande-annonce
Depuis des années, on entend grogner la révolte sur le Vieux Continent. Un sentiment de rejet généralisé, l’impression pour beaucoup d’avoir été débarqués du progrès. Quand soudain, un violent orage éclate. Une femme se lève parmi la foule.
Munich, novembre 2023, une manifestation populaire. Aurore Henri se saisit d’un pavé et le lance au visage d’un chef d’État. Derrière son regard bleu magnétique, une volonté d’acier, un espoir fou, guérir les hommes de leurs tendances destructrices, bâtir une société nouvelle où règnent la paix et l’harmonie.
Diane Ducret nous livre une vision infiniment romanesque d’un Occident qui sombre dans le chaos et trouve son nouveau guide en une femme aux motivations aussi secrètes que son ambition est démesurée.
L’avis de Lettres it be
Dans un monde rendu à ses plus bas instincts de pauvreté et de déchirement généralisé, une femme émerge au milieu de la foule. C’est Aurore Henri, bientôt fer de lance du changement au nom du bien. Militante écolo excessive façon Greta Thunberg survitaminée, Adolf Hitler muni d’un utérus, Notre-Dame-des-Landes qui aurait réussi… Les premiers chapitres multiplient les questions sur la personnalité et la trajectoire future de ce personnage. Et le roman de se déployer sur plus de 500 pages pour nous répondre…
Entre révision du Roman national et déploiement autoritaire au nom du Bien, Aurore Henri révèle ses multiples facettes au fil du roman et nous, lecteurs emportés, avons envie de la soutenir… Jamais vraiment détestable, jamais angélique, Diane Ducret donne à son personnage les contours exacts de la dictature. Un drame habillé de vertus. Et quel exercice brillamment rempli !
C’est peut-être l’un des seuls griefs que l’on pourrait adresser à ce nouveau roman de Diane Ducret. Un passage en prison pour mettre sur papier la genèse de son projet mortifère, des noms de personnages, des situations… Aurore Henri est le pendant féminin d’Adolf Hitler, féminisé et modernisé. La proximité des deux trajectoires, parfois jusqu’à l’élan parodique, laisse un léger goût de déception. Et si Aurore Henri avait eu sa propre trajectoire, sans comparaison possible avec ce qui avait déjà été fait ? Ce clin d’œil manifeste à l’Histoire offre, de toute évidence, une praticité dans la construction du récit, mais il impose une certaine facilité qui nuit à la surprise générale. Mais qu’importe, c’est un détail de l’histoire…
On regrettera peut-être aussi les élans SM, le rapport mère-fille un peu suranné, un tour d’Europe des villes en proie au désastre façon Guide du routard de la révolution… Mais qu’importe : ce ne sont là que des menus détails parce qu’il faut bien chercher la petite bête pour nuire à l’édifice de ce nouveau roman de Diane Ducret. Un roman fort, renseigné, envoûtant et qui remet l’église au centre du village : le pire est toujours accompagné de la certitude d’apporter le bien. Qu’importe le sexe, l’origine, le statut. À bon entendeur…
Avec La Dictatrice, Diane Ducret boucle la boucle et offre un véritable sommet à sa bibliographie. Femmes de Dictateur, Lady Scarface, La Chair interdite… Diane Ducret s’impose comme une spéléologue de la Femme à travers les âges et les comportements. La Dictatrice vient magnifier l’exploration et rappeler avec brio que le pire ne s’embarrasse pas du sexe. La quatrième de couverture parle d’une « vision infiniment romanesque ». Certain ? Une révélation qui s’affirme encore une fois avec un roman à garder sur la table de nuit. Sait-on jamais…
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