2023
Dans une Europe au paysage politique, économique et social moribond, que l'on ne connaît malheureusement que trop bien, sur une place publique, un politicard fait un énième discours inutile.
Catalysant toute la colère du peuple contre ces privilégiés donneurs de leçon, une pierre fuse et l'atteint au visage. L'auteur de l'acte, une journaliste trentenaire elle-même étonnée par sa propre fureur, Aurore Henri (ou A.H.... prémonitoire...?), est arrêté et emprisonné.
Durant son internement, l'Europe continue à s'enfoncer dans le tiers-monde, la colère du peuple gonfle, et la popularité de cette femme intrigante à l'audace folle et au regard d'acier, prend de l'ampleur.
Elle, elle réfléchit à ce qu'elle pourrait faire pour changer l'Europe. Et est obsédée par sa mère biologique, qu'elle ne connaît que par les papillons dont elle rêve chaque nuit, papillons que sa mère portait tatoués à l'épaule.
2029
Sortant de prison, Aurore Henri est rapidement contactée par un groupe de nantis, magnats de l'industrie et des médias, misant sur son intelligence et surtout, son étrange charisme, pour remporter les élections européennes.
Elle ne les aime évidemment pas mais saisit là l'occasion de changer la destinée d'une Europe qu'elle aime malgré tout, et fait campagne dans les grandes capitales européennes.
A Paris, Londres, Madrid, Berlin, Rome, Prague,... A.H. découvre, édifiée, une réalité qu'elle ne pouvait imaginer...
Coupures d'électricité fréquentes (ah?...), absence de lumière la nuit mis à part chez les élites privilégiées, coupures du gaz russe (oh?...), coupures du chauffage (eh?...), gens qui se chauffent dans des barils comme des clochards, fouillent dans les poubelles pour manger, et n'ont d'autre choix que d'assiéger sans espoir les lieux de pouvoir...
Pour couronner le tout, les sécheresses, canicules, tempêtes et autres désastres climatiques et agricoles s'en mêlent...
Présentant le programme que le peuple européen attendait, un programme contre l' "ancien monde", mettant fin notamment à la suprématie des grandes multinationales qui ravagent le monde, aux spéculations économiques comme celles ayant provoqué la crise financière, captivant les foules par son charisme magnétique et ses paroles justes, elle n'a pas de mal à se faire élire chancelière de la nouvelle union européenne.
Années 2030
La nouvelle union européenne connaît une période de grâce. L'ordre, la stabilité et la sécurité règnent. Les mesures "eunomiques" se mettent en place dans l'empire d'A.H.
Parallèlement, elle fait toujours rechercher activement sa mère, dont elle apprend que c'est une ancienne agent du KGB infiltrée en France. Et noue une étrange relation avec un mystérieux prisonnier qui semble la connaître mieux que quiconque...
Le livre se termine en 2045...
Je connaissais l'intéressante Diane Ducret à travers des interviews, et son best-seller Femmes de dictateurs, mais n'avais jamais entendu parler de La Dictatrice...
Quelle ne fut pas ma stupeur d'y découvrir une Europe de 2023 si proche de la réalité (le livre a été écrit en 2020).
Au delà de cette première partie incroyablement visionnaire, la deuxième partie s'enlise malheureusement dans du prévisible et dans un peu d'ennui : la mise en place des différentes mesures, le manque de points de vue d'autres partis comme les autres puissances, rarement évoquées (en l'occurrence la Chine, la Russie et les Etats-Unis) sur la nouvelle Europe.
Et manque de points de vue du peuple surtout. Le ressenti de tous ces changements sur une famille de simples citoyens européens aurait été intéressant.
Je regrette aussi de longs passages sur la sacralisation du féminin (est-ce une obsession du personnage? Ou de l'auteur?... A vérifier dans ses autres livres...).
Mais quelques scènes m'ont fait "raccrocher" à l'histoire, comme la choquante scène de sexe/viol? avec le chef d'état russe, la strangulation par l'héroïne d'un conseiller devenu trop gênant, l'étrange exécution "masturbatoire" de prisonniers, mais surtout, et c'est là une des plus grandes scènes du roman, les "retrouvailles" inattendues et cruelles de l'héroïne avec sa mère...
Et les dates choisies ne sont pas très originales... (crise de 29, guerre de 39, capitulation en 45).
Bref un roman très prometteur au début, mais qui s'enlise dans une seconde partie souvent prévisible.