Ce livre m'a été envoyé par une amie qui lui avait laissé un goût amer. Elle voulait savoir ce que j'en pensais pour pouvoir en discuter. Je l'ai lu (non sans difficulté), et suis moi-même très perplexe. J'aime beaucoup les essais de Diane Ducret, la Chair Interdite, Femmes de dictateurs ont été des lectures que j'ai beaucoup appréciées. Mais ce roman très inégal m'a beaucoup surprise et me laisse dubitative. En 2023, dans une Europe dévastée, Aurore Henri (qui sera appelé par son prénom et nom comme certains autres personnages, et pas d'autres ... ce qui empêche tout lien d'empathie avec eux, d'ailleurs) ne peut rester de marbre face à l'effondrement de cette Union ayant prônée la paix depuis des décennies. Elle lance une pierre sur le dirigeant annonçant le démantèlement de l'Union. Elle est condamnée à 5 ans de prison. 5 années qui vont accroître sa notoriété et lui permettre d'ériger un programme très ambitieux pour créer La Nouvelle Europe.
Sincèrement, le Synopsis est incroyable, l'aspect dystopie donne des frissons, mais le suspens n'est pas là, car comme inscrit dans le titre ... Cet élan d'espoir est anéanti par la mise en place d'une dictature. La dictature prônant des valeurs louables: féminisme, écologie, innovation, espoir et harmonie, mais l'autoritarisme grandit et mène à de l'obscurantisme. Diane Ducret dit vouloir mettre en garde: 'ce n'est pas parce qu'il y a une femme au pouvoir qu'on vivra en paix'. Il est vrai, mais le propos est grossièrement amené. Sans nuance, le point de vue perd de son bon sens. De plus, idéologiquement, certains courants féministes sont totalement tournés en dérision (écoféminisme, entre autre) et les thématiques de genre sont VRAIMENT mal traitées (la relation de Aurore avec les hommes, même sa relation avec sa propre mère et de sa mère avec les hommes, hétéronormativité omniprésente: l'harmonie serait le mariage d'une femme tout juste pubère à un jeune homme (16 ans contre 25 ans dans l'exemple donné dans le livre...).
Les intrigues commencent et ne sont pas approfondies, il n'y a aucune nuance. Le sentiment d'abandon qu'Aurore ressent justifie tout ce qu'elle fait et c'est écrit noir sur blanc. De quoi prendre le lecteur pour un inepte.
Le style est très journalistique, les premières parties sont divisés en chapitre avec des phrases à rallonge, étrangement poétiques, mais sans charme (à se demander comment elles ont pu être gardées à la relecture par l'éditeur.ice...). On dirait que l'autrice veut trop en faire et pêche par excès. On ne retrouve plus cela dans la suite du livre, qui pour ne pas trop traîné en longueur est obligé d'amener une suite rapide et efficace
tout comme sa fin...
Les personnages sont amenés, présenté dans un court chapitre, puis disparaissent mais n'ont pas le temps d'évoluer. Il y a peu de dialogues, ce qui donne l'impression de personnages passifs. La trajectoire que suit Aurore n'est sans aucune surprise, rien d'original, une dictature comme le IIIe Reich a connu avec des smartphones, rien de vraiment original.
En conclusion, ce roman a une histoire riche qui pourrait amener beaucoup de suspens et de surprise, mais il n'en est rien. Des chapitres qui pourraient être totalement supprimés sans que ça ne soit dommageable pour l'histoire, des personnages creux et un style difficile, pour moi, ce n'est pas un bon livre... Je n'ai pas passé un bon moment à le lire mais je l'ai quand même fini, pour pouvoir avoir un avis éclairé.
En plus, même la fin, très brève et brouillon, ne relève pas le niveau.