Un faux air de Mort à Venise, croisant l'évocation douce et simple des derniers jours de Zweig à Ostende. Je ne connaissais pas le dramaturge, mais sa pièce m'a donné envie de lire - un jour -Thomas Mann. La langue est souvent belle, claire, évocatrice ; toute chargée de réminiscences. On croirait parfois lire Modiano face à la mort de Bergotte.


De là peut-être les quelques déceptions qui émaillent la lecture, lorsque la Disparition du paysage se trouve moins suggérée à celui qui le contemple que présentée de manière brute.
La pièce n'en demeure pas moins, - malgré sa propension à trop souvent délivrer ses propres clefs de lecture -, une invitation à rêver, à entrer nous aussi dans une prose incantatoire toute baudelairienne et à chanter, comme le temps d'un confinement, la beauté de la mer entrevue par une fenêtre.


C'est un peu l'aube du soir croisant la mort à Venise et sa croisade face à la beauté, et il y a dans la rêverie poétique face à la mer l'évocation chantante d'une vie. En cela, courte et incisive, la pièce m'a fait vivre l'enchantement d'une vie, les nuances exquises et troublantes d'une toile peinte, la disparition non-élocutoire de l'artiste face à l'obstruction du champ de vision et la mort, finale et attendue, mais toujours repoussée par l'inflexion exquise des mots. Tenant en quelques mots, écrites sur quelques pages parcourues par un souffle, La Disparition du paysage est vivante. Et c'est pourquoi je l'ai tant aimée.



« Je fermerai partout portières et volets
Pour bâtir dans la nuit mes féériques palais. »
(« Paysage »)


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le 1 févr. 2021

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