Le principal atout de ce "faux" documentaire sur le tableau d'Ingres,la dormeuse de Naples, mystérieusement disparu est sa forme. En effet, Adrien Goetz a choisi de nous parler de cet oeuvre en se mettant dans la peau d'Ingres, de Corot et d'un ami de Géricault ( ou devrais je dire Delacroix, alias choisi pour le Radeau de la Méduse). Quand une proposition originale et intéressante car liée à l'histoire de l'art surgit, la véracité de l'entreprise est proprement secondaire car l'auteur nous replonge dans l'Italie du début du dix neuvième siècle avec délectation et semble également coller à la personnalité de chacun de ces trois narrateurs. Il est intéressant de voir aussi que la vérité paraît volontairement fluctuante d'Ingres à Corot en passant par cet ami obscur proche de Géricault. D'Ingres, on retiendra la relation artistique qui le liait à son modèle pour la dormeuse de Naples. De Corot, un questionnement sur le couple d'Ingres pendant que ce dernier peignait ce tableau et du proche de Géricault, une volonté supposée de localiser le tableau avant son décès ou le fait d'avoir volontairement repeint une de ses toiles sur la Dormeuse de Naples ( anecdote ou pêché d'orgueil?). Entre jeux de pouvoirs ( la dormeuse serait un sosie de Caroline Bonaparte ou d'une cantatrice, l'époque étant aux rois français d'Italie et aux vérités cachées ou enfouies) et apparitions théâtrales de la Dormeuse de Naples (digne de la cérémonie masquée d'Eyes Wide shut), le lecteur reçoit des avis différents et contradictoires. A vous de vous faire une idée du devenir de la dormeuse de Naples au temps des Romantiques. En tous cas, un récit d'une centaine de pages bien remplies, consistantes et considéré par un professeur de la Sorbonne,spécialiste de l'art français aux dix neuvième siècle ( voir note de l'auteur à la fin du livre). A lire pour se cultiver et s'éclairer sur une période artistique majeure de la peinture française.