Qui était le commissaire Kurt Wallander avant le 8 janvier 1990 au matin, date à laquelle le policier de permanence le réveille pour lui signaler un double meurtre qui marque sa première enquête Meurtriers sans visage ?
Ces cinq nouvelles qui s'étalent du 3 juin 1969 au 7 janvier 1990, racontent les débuts de Kurt Wallander en tant qui policier patrouilleur fiancé à Mona puis flic à la brigade criminelle de Malmö avant de venir à Ystad, marié et père de Linda puis bientôt divorcé.
Remonter aux origines permet de mieux cerner et connaître Kurt Wallander de savoir d'où lui vient cette morosité, cette propension à la déprime. Même jeune, il n'est pas un joyeux drille, sans cesse à se poser des questions, à douter, à ne fréquenter que peu d'amis, seule Mona figure dans ses relations. En vieillissant, il ne change pas et reste un solitaire bourru en difficulté de relation avec son père et sa fille.
Ce que j'aime chez lui, c'est que c'est un homme dont on sent les failles, les douleurs, les faiblesses. Henning Mankell n'en fait pas un super héros, de ceux qui résistent à tout et résolvent les intrigues en deux temps trois mouvements après des courses poursuites effrénées. C'est un bon flic, besogneux qui a un sens de l'observation et de la déduction prononcé et qui sait sa servir de ses intuitions. L'extrait que j'ai choisi, est un morceau d'un court dialogue entre Kurt Wallander et un collègue, qui résume leur travail :
"- C'est drôle, quand même, que le travail policier revienne si souvent à faire des choses dont on sait d'avance qu'elles ne serviront à rien.
Wallander le regarda.
- Mais tu as raison, bien sûr, ajouta Rydberg. On est obligés de tout vérifier." (p.475)
C'est ça Wallander, le boulot colossal, les fausses pistes, les avancées à petits pas. Et toujours ces histoires ancrées dans celle du pays : la Suède qui change, pas toujours pour le meilleur, la violence augmente, l'insécurité, le rapport entre l'état de droit et la démocratie. Dans sa préface Henning Mankell dit qu'après avoir écrit l'ultime livre de sa série, il en a trouvé le titre général qui colle parfaitement : "Le roman de l'inquiétude suédoise".
Pour finir la série avec Kurt Wallander, il reste 3 romans, dont je parlerai sûrement dans les prochaines semaines.