Pour mieux s’immerger dans le récit, mieux vaut ne pas trop en savoir sur l’histoire… Voici néanmoins un bref résumé de l’intrigue pour les plus curieux : dans le futur, les hommes ont trouvé le moyen de vaincre la mort et peuvent désormais vivre éternellement. Seulement, cela n’empêche pas la population mondiale d’augmenter… Pour réguler tout ça, un groupe a été constitué : on les appelle les faucheurs. Personnages importants et respectés, ils sont chargés de « glaner », au hasard des personnes de tout âge/milieu social/ethnie. On suivra Rowan et Citra, deux jeunes gens destinés, bien malgré eux, à devenir apprentis faucheurs. Ils devront alors apprendre l’art de tuer, et comprendre en quoi leur mission est nécessaire pour la communauté.
Le gros atout de ce premier tome réside dans l’originalité de l’histoire. Loin des dystopies qu’on a vu fleurir à une époque, La Faucheuse s’apparenterait plutôt à une forme d’utopie…mais tient en même temps du roman de science-fiction un peu atypique.
Le monde créé par Neal Shusterman soulève beaucoup d’interrogations, puisqu’il met en place une société dans laquelle aucun gouvernement n’est plus au pouvoir, et où tous les hommes sont relativement égaux financièrement et matériellement. Au dessus de tout ce petit monde se trouve Thunderhead, une gigantesque base de données qui a réponse à tout et subvient aux besoins de chacun. De quoi s’interroger sur notre futur proche à l’heure où de nombreuses incertitudes planent…
Si l’univers est richement décrit, le fait que l’histoire soit racontée du point de vue des faucheurs, et non des victimes, apporte une touche d’originalité supplémentaire !
Vous imaginiez sans doute de macabres silhouettes vêtues de noir ? Eh bien vous seriez surpris, car ici, l’auteur a choisi d’affubler ses faucheurs d’étoffes chamarrées, qui reflètent davantage leur grade dans la société.
Hommes ou femmes choisis de manière aléatoire, ces représentants de la mort sont soumis à plusieurs règles immuables, et sont tenus d’agir avec moralité et compassion envers les glanés. Car prendre une vie est loin d’être insignifiant, et chaque faucheur doit avoir conscience de l’acte qu’il accomplit. Si certains s’acquittent de leur mission comme il se doit, le lecteur découvre vite l’existence d’une autre espèce de faucheur, qui se complaît dans l’acte de tuer…
On notera -pour une fois dans un roman YA- l’absence de romance, ce qui est bien vu, puisque cela desservirait plus le texte qu’autre chose ! C’est un soulagement de pouvoir lire, de temps en temps, une bonne histoire qui n’inclue pas de sentiments dégoulinants.
Quant aux personnages, ils sont relativement banal, du moins leurs caractéristiques physiques ne sont pas accentuées au possible : pas de beau jeune homme bodybuildé au regard ténébreux, ni de jeune fille parfaite : Citra et Rowan cumulent d’ailleurs les imperfections, doutent de tout, et font, au final, de chouettes héros !
Autre petit bonus : la fin est par-fai-te. D’habitude, dans ce genre de grosse série YA, on a droit au gros cliffhanger de fin qui frustre le lecteur et le pousse à vouloir se jeter sur la suite… Heureusement, ce n’est pas le cas ici : l’épilogie se suffit d’ailleurs à lui-même, même si on sent que le récit appelle une suite. Bref, de quoi patienter gentiment, sans se prendre trop la tête d’ici le prochain tome !
Là où le bât blesse, c’est au niveau du style littéraire, et c’est d’ailleurs le seul bémol du livre ! Au vue des avis dithyrambiques qui sont apparus sur diverses chaînes booktubes ou blogs, on pouvait s’attendre à une certaine qualité d’écriture. Malheureusement, c’est loin d’être le cas… Alors, soucis de traduction ou style imparfait ? Dans le doute, foncez plutôt sur la VO !
Moitié thriller, moitié récit de science-fiction futuriste, La Faucheuse est un véritable page-turner ! Addictif et quasi-sans temps morts, le roman met en place un univers riche et surprenant que l’on prend plaisir à découvrir au fur et à mesure, pour peu que l’on fasse fi du style littéraire, simpliste et maladroit, dans la version française.
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