La Fêlure réunit des nouvelles de Fitzgerald, dépouillées de toute son génie clinquant pour mieux montrer l'homme torturé qu'il était. Il y décrit le New-York somptuaire des années 20 et sa génération perdue, l’insomnie qui le frappe et fait remonter l’absence, le manque et l’angoisse enfoui en lui, et plus encore en pêle-mêle.
Certaines nouvelles sont très drôles (comment vivre au dessus de ses moyens ou partir sur la Côte d'Azur pour "économiser", à grand coup d'ironie grinçante), d'autres détaillent le travail de l’écrivain (la nouvelle sur ses centaines de "faux départs", énumérant les brouillons qu'il laisse en jachère, est superbe ; ainsi que celle où il fait visiter sa psyché sous la forme d'une visite de sa maison). En filigrane et avec beaucoup de pudeur, il raconte aussi sa dépression, le manque indicible qu'il ressent et la désintégration de son identité.
Il y a des éclats qui m'ont beaucoup frappé, mais aussi une langueur dans le style que j'ai trouvé parfois paresseux. Fitzgerald avait la réputation de produire des chefs d'oeuvres comme des textes indigents, peut-être que la traduction joue aussi dans mon appréciation. Il reste un personnage profondément touchant pour qui j'ai beaucoup d'empathie.