Le père de Cem les a abandonnés, lui et sa mère. Il va à son tour quitter sa mère pour aller creuser un puits dans la ville fictive d'Öngören, en périphérie d'Istanbul, sous les ordres de Maitre Mahmut et en compagnie de Ali. Ils creusent sous un soleil de plomb, mais l'eau va-t-elle jaillir ? Le soir, sous la tente, Maitre Mahmut, qui devient peu à peu comme un père de substitution, raconte des histoires à Cem. Des histoires de djinns, des histoires issues du Coran, ou c'est Cem qui lui en raconte, car il a lu beaucoup, il veut devenir écrivain, un soir il lui raconte l'histoire dŒdipe, version Freud, mais ça ne plait pas à Mahmut ce fils qui tue son père et couche avec sa mère, d'autres soirs ils quittent le plateau où ils creusent le puits pour aller boire un verre en ville, acheter des cigarettes. C'est là que Cem rencontre Gulcihan , la femme aux cheveux roux, femme de théâtre d'une très grande beauté qui parcourt la Turquie avec sa troupe, qui va lui apprendre l'amour et lui poser des questions sur son père.

Mais peu après, un événement va se produire au puits, et Cem va quitter la ville précipitamment. Plus rien ne sera comme avant. Plusieurs année plus tard, Cem n'est pas devenu écrivain, mais ingénieur géologue. Il s'est marié avec Ayse et il voyage beaucoup. Il se rend notamment en Iran où il découvre l'histoire de Rostam et Sohrab extraite du Shâh Nâmeh, le Livre des Rois de Ferdowsî.

Fasciné depuis longtemps par l'histoire grecque du parricide d'Œdipe, il découvre cette fois son pendant oriental, celle d'un filicide, histoire qui va également l'obséder, obsession qu'il va transmettre à son épouse Ayse, avec qui il ne parvient pas à avoir d'enfant. L'obsession va devenir telle qu'ils vont nommer Sorhab, le nom du fils tué par son père, la compagnie de construction qu'ils vont monter ensemble. Jusqu'au jour où ils vont acheter un terrain à Öngören, devenue banlieue d'Istanbul, là-même où il avait creusé le puits avec Maitre Mahmut trente ans plus tôt. C'est alors que le passé va ressurgir.

Orhan Pamuk nous livre un dixième roman court et de plus en plus captivant à mesure qu'on tourne ses pages, maitrisé du début à la fin, d'où les longueurs présentes dans nombre de ses livres sont absentes. Comme dans Mon nom est rouge, il fait dialoguer les traditions voisines (perses, grecques avec la Turquie ici, l'empire ottoman là-bas).

Le puits, qui peut être sans fond, symbole de vie par l'eau qui contient, mais qui peut vite devenir symbole de mort car on peut vite y tomber et ne plus pouvoir en ressortir, ou être attiré par son abime est important dans l'œuvre de Pamuk. C'est avec lui que s'ouvre Mon nom est rouge avec le monologue du cadavre dans le puits.

Hunkarbegendi
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le 24 nov. 2023

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