Pablo Larrain aime bien réaliser des biopics, si possible non conventionnels. En 2016 il avait réalisé Neruda sur son compatriote le poète chilien, l'année suivante, il récidive avec Jackie avec Nathalie Portman dans le rôle de l'épouse du président Kennedy. Comme si ça ne suffisait pas, en 2021 il sort Spencer sur la princesse Diana, alors que les derniers saisons de The Crown traitent également de la vie de la princesse. Puis, en 2024, il sort Maria sur la cantatrice grecque Maria Callas.
Ce n'est pas un biopic conventionnel, puisqu'il s'agit des derniers jours de la Callas, et en particulier de sa dernière semaine de vie presque recluse dans un appartement luxueux parisien en compagnie de ses deux domestiques (un homme et une femme). Maria se remémore certains épisodes importants de sa vie, et notamment sa relation avec l'armateur grec Aristote Onassis, interprété avec brio par l'acteur turc Haluk Bilginer (Winter Sleep), mais aussi sa rencontre avec le président Kennedy, dont Onassis épousera la veuve Jackie après l'assassinat du président. Ainsi, on peut dire que la boucle est bouclée puisque Larrain avait déjà piopiqué Jackie.
Pour le rôle de la Callas, Larrain opte cette fois pour Angelina Jolie. Elle n'a pas tourné depuis Les Eternels de Chloé Zhao, mais on ne peut pas dire que sa carrière est à l'arrêt depuis son opération préventive du sein, des différentes opérations de chirurgie cette fois dites esthétiques, ou son divorce d'avec Brad Pitt et les différentes polémiques qui ont suivi. Non, Angelina tourne, et s'il est clair que ses multiples opérations rendent impossible tout charme comparable à celui inhérent à la personne de Maria Callas, on peut dire néanmoins qu'elle était un bon choix pour le rôle, et qu'elle s'acquitte fort bien du boulot. Ce qui ne peut passer par le visage trop figé, ou les lèvres botoxées, elle le fait passer par les yeux, ou la voix (quand elle ne fait pas semblant de chanter) ce qui est déjà pas mal. De ses problèmes pour avoir des enfants lors de cette relation houleuse avec Brad Pitt, elle peut se servir pour son rôle, puisque le personnage qu'elle interprète ne pouvait pas en avoir. Idem peut-être pour la relation Callas/Onassis, qui s'il n'y a pas eu mariage était comme un mariage.
Le choix du réalisateur de faire converser Maria avec ses fantômes fonctionne et les séquences des dernières répétitions sont émouvantes. De plus, les répliques que Maria prononce en face de ses interlocuteurs (souvent) imaginaires sont très bien écrites. Bref, ce film est une belle surprise, mieux que Blonde le biopic sur Marilyn duquel je n'avais pas réussi à aller jusqu'au bout tant il était soporifique malgré certains aspects intéressants mais un peu prétentieux.