La femme et le sacrifice est une réédition de la version de 2007. Sorti de nouveau avec une nouvelle charte graphique, cet essai s’attarde sur la vision du sacrifice et le poids qu’il fait porter à la femme depuis l’aube des temps. Anne Dufourmantelle, autrice de plusieurs essais, est décédée en 2017.
Pour cette première chronique de l’année, on va parler sérieusement puisqu’il est question aujourd’hui d’un essai féministe traitant du sacrifice dans ce qu’il a de plus large. Avec ce type d’essai, j’aime bien les intégrer dans une lecture diptyque afin d’alléger un peu la concentration que requiert un peu ce type d’ouvrage.
La femme et le Sacrifice est un essai qui met en parallèle la mythologie, l’Histoire, la littérature et notre société actuelle afin de voir les changements apportés et ce qu’implique d’être femme. L’essai, catégorisé en plusieurs parties allant des Amantes, en passant par les femmes Blanches (pas dans le sens de la couleur de peau, mais plus dans une forme d’invisibilité sociétale) est passionnant tout en étant assez difficile à lire. Prenant comme appuis certaines figures, comme Penthésilée ou encore Antigone (ma préférée), la femme est décortiquée dans un vocabulaire riche et soutenu. Il y a aussi tout un parallèle avec les Pères en tant que tel et la relation parfois difficile qu’il peut y avoir avec ses enfants de sexe féminin.
C’est un essai que j’ai beaucoup apprécié malgré une certaine difficulté de lecture. Je pense revenir souvent dessus afin de bien assimiler ce que Anne Dufourmantelle veut nous faire comprendre. La femme et le sacrifice est très souvent philosophique et peut donc avoir tendance à perdre son lecteur et c’est peut-être le seul défaut à soulever tant le travail de l’autrice est incroyable, puisque cette dernière s’appuie sur des textes et auteurs qu’elles citent souvent. J’aime d’ailleurs beaucoup le balayage historique qui est fait tout au long du livre puisque chaque type de femmes y trouve son compte.
Un ouvrage passionnant et pratique par son petit format assez particulier, à la frontière entre le GF et le poche qui devrait ravir toutes personnes, femme ou homme, qui serait intéressé par le sujet. Rare sont les essais ayant pris le parti-pris de traiter la femme en tant qu’objet sacrificiel alors que si on porte son regard en arrière, l’idée est finalement logique. Puisque de tout temps, la femme ne fut réduite qu’à l’utilisation qu’on pouvait tirer d’elle, quitte à passer par la mort si cette dernière se refuse.
En conclusion, La femme et le Sacrifice est un essai pertinent quoi qu’un peu difficile à lire sur la question féminine. Anne Dufourmantelle signe un essai philosophique, s’appuyant sur différents textes de la mythologie ou événements historiques qui demande un certain temps d’adaptation, mais reste passionnant. A relire de temps en temps et à mettre à côté des ouvrages féministes les plus importants.
https://museaurania.wordpress.com/2019/01/03/la-femme-et-le-sacrifice-anne-dufourmantelle/