La Femme gelée est un récit absolument nécessaire. Contrairement à ce qui est présenté en quatrième de couverture, il ne s'agit pas de parler du quotidien d'une mère de famille ayant mis tous ses idéaux et rêves de côté.
Non, La Femme gelée c'est le "comment", comment en arrive-ton à se ranger dans l'image de la femme attendue par la société ? Comment finit-on par accepter et intégrer la ribambelle d'injonctions féminines contre lesquelles on s'était pourtant battue depuis le plus jeune âge ?
C'est le récit d'une jeune femme qui avait des ambitions, qui s'était dit "moi, jamais", qui bénéficiait d'un modèle familial détonnant pour l'époque (papa cuisine, maman travaille), et qui malheureusement, n'arrive pas à aller à l'encontre de la société. Qui finit par rentrer dans le moule de la Femme : le foyer familial bien tenu, la dévotion et la douceur maternelles, l'acceptation d'un état de société qui ne va pas de soi.
L'écriture d'Annie Ernaux a été commentée par de nombreux et nombreuses spécialistes, je n'apporterai rien à la critique littéraire. J'ai trouvé que cette écriture qui vise à l'efficace et à l'essentiel servait à la perfection le propos. Annie Ernaux nous plonge dans les pensées et réflexions de sa narratrice, on ne peut y échapper, et on est bien obligé de subir avec elle sa douloureuse transformation.
J'ai souligné et annoté des passages entiers du livre, non pas parce que j'ai l'impression de vivre la même chose, mais parce que j'y retrouve des schémas de pensée, parce que ça me révolte, et parce que malheureusement, en 2020 c'est toujours d'actualité (près de 40 ans après la publication du livre tout de même...).