Vous l’avez certainement déjà compris en nous suivant régulièrement, sur Drunkenness Books, nous aimons toutes sortes de lectures mais nous adorons surtout vous parler des classiques ! En voici un de la littérature anglaise : La Ferme des Animaux de ce grand auteur qu’est George Orwell.
J’avais déjà eu l’occasion de lire une œuvre emblématique de l’auteur, 1984, et je souhaitais découvrir celle-ci depuis bien longtemps. Certes, c’est un roman plutôt court mais il est d’une densité et d’une richesse incroyables !
Sous la forme d’une fable, George Orwell nous livre une critique acerbe du régime communiste soviétique et plus précisément du stalinisme. Pessimiste quant à la nature humaine, l’auteur prend bel et bien partie et assume clairement sa position. Or, dans un contexte de guerre (ce roman a été publié pour la première fois en août 1945), nul doute qu’il a dû faire beaucoup de bruit. Juste un bref rappel : l’URSS était alors alliée de l’Angleterre pendant la Seconde Guerre Mondiale. Par conséquent, une critique aussi violente du régime en place n’était peut-être pas la meilleure des idées pour assurer les intérêts de l’Angleterre, ce qui explique pourquoi le roman a été censuré… Il est donc impossible de comprendre tout ce qui se cache derrière chaque mot de l’auteur sans connaître a minima le contexte.


Les animaux de la ferme de M. Jones décident un jour de se révolter contre leur maître. Fatigués d’être exploités par un humain pour une maigre pitance, et sous l’impulsion des cochons, ils chassent de la ferme M. Jones et sa famille. Désormais maîtres des lieux, les cochons s’imposent très rapidement en tant que leaders avec Boule de Neige et Napoléon à leur tête. Le coup d’État est un succès, désormais la ferme s’appellera La Ferme des Animaux. Un nouveau système politique est mis en place, régi par la doctrine de l’animalisme et ses sept commandements. Toutefois, si les animaux pensaient dans un premier temps avoir instauré un système meilleur que le précédent, certains vont rapidement avoir des doutes, le nouveau ne semblant pas profiter de façon égale à tous. D’autant plus qu’il semblerait que ses principes ne cessent d’évoluer par petite touche en fonction de la volonté des dirigeants. Une dictature ne serait-elle pas en train de se mettre en place par de subtils changements ?


La symbolique tient une place importante dans cette fable. Derrière chaque mot, chaque phrase de l’auteur se cache en réalité une critique virulente du système communiste de l’URSS. Les cochons sont les meneurs de la révolution. Or, ne serait-ce que ce départ pousse à s’interroger sur la symbolique de ces animaux et donc sur la suite des événements. Bien entendu, tout était trop beau pour rester parfait. Le système idyllique des premiers jours va rapidement connaître des dérives importantes. Si au départ il se voulait juste et égalitaire, l’auteur montre comment la corruption et la cupidité des dirigeants suffisent à faire basculer un système entier. Mais si les animaux ont déjà su se révolter contre l’injustice auparavant, pourquoi ne pas recommencer ? Parce qu’eux-mêmes participent à la mise en place de cette dictature et deviennent de ce fait leurs propres bourreaux. La force de la multitude est indéniable. M. Jones en est la preuve : il n’a pas pu résister au soulèvement général de sa ferme. Pour autant, l’auteur nous met en garde contre les prédicateurs et l’effet de masse. Les animaux vont ainsi se retrouver dans un système pire que le précédent où ils seront exploités jusqu’à leur dernier souffle et où aucune opposition ne sera tolérée. D’ailleurs, très peu d’entre eux oseront émettre leur désaccord. Pour ces quelques courageux, les représailles seront terribles. Accusés de trahison, certains n’auront d’autre solution que de prendre la fuite. Et si certains gardent malgré tout quelques doutes, ceux-ci seront balayés par les bonnes paroles des dirigeants. Conditionnement, isolement, manipulation mais également violence et fausses accusions… Les cochons ne reculeront devant rien pour assurer leur domination.
L’instauration d’un culte de la personnalité tout comme la réécriture de l’histoire y contribuent largement. De même, la liberté d’expression est progressivement étouffée et tout cela se fait avec le consentement de l’ensemble des habitants de la ferme car « c’est pour leur bien ».


Impossible de ne pas rapprocher cette fable de certains régimes ayant existé ou existant encore à l’heure actuelle. L’hypocrisie des dirigeants ne fait aucun doute dans n’importe quel système. M. Jones n’était pas quelqu’un d’irréprochable et se montrait même particulièrement égoïste. Mais l’auteur incite ses lecteurs à s’interroger : parmi tous ces systèmes hypocrites et corrompus, dans lequel préfèrent-ils vivre ? Si le nouveau gouvernement de La Ferme des Animaux promettait de meilleurs conditions de vie et identiques pour tous, très rapidement, il est devenu surtout l’apanage de ses dirigeants, transformant de ce fait le système en un régime du plus fort où seule une élite bénéficie des privilèges.


Dans La Ferme des Animaux, George Orwell dénonce avec force les dérives d’un système communiste qui se voulait juste et égalitaire pour tous. Les dirigeants sont pointés du doigt mais l’auteur met surtout en avant le rôle qu’ont joué les autres animaux. Dans leur soif de justice et de bien-être, ceux-ci sont restés aveugles à ce qu’il se passait et ont permis l’instauration de cette dictature. En fermant les yeux et en se laissant embrigadés, ils ont donné une légitimité et une force indéniable aux dirigeants qui ont pu alors agir en toute impunité.


George Orwell nous montre ainsi comment la masse peut renverser les dirigeants au pouvoir mais également comment la situation peut se retourner et comment quelques individus parviennent à prendre le contrôle d’une multitude. La Ferme des Animaux est un roman incontournable de la littérature qu’il faut avoir lu au moins une fois !

ManonetMarieDrunkenn
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le 9 nov. 2015

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