Critique féroce du totalitarisme, ce roman historique quasi torrentiel, véritable thriller politique, narre la fin d'une époque incarnée par un dictateur tyrannisant trois millions d'individus : l'implacable Trujillo, surnommé el Chivo, et son idéologie absolutiste, et Balaguer son fidèle sbire. Tandis que ce régime politique avance en marchant sur les cadavres, plusieurs intrigues s'entrecroisent et s'imbriquent à la perfection, superposant histoire et fiction : dans ce va et vient, le lecteur passe de l'intérieur et à l'extérieur de chacun des personnages et des situations, avec pour toile de fond une danse politique et sociale macabre et carnavalesque.
Si la réalité dans ce roman dépasse la fiction littéraire, cette dernière endosse ici le rôle de restauratrice de la mémoire (individuelle, collective et historique) proposant de répondre à la question sartrienne : que peut la littérature ? Sous le masque de la fiction, la littérature de Vargas Llosa fait émerger la vérité, posant la question de la docilité et de l'obéissance d'élites au service des caprices d'un tyran persuadé d'être la continuité de dieu, le pourquoi d'un règne aussi socialement violent et la question de la passivité d'une nation face à l'abolition des libertés les plus fondamentales.
Un livre exceptionnel sur la corruption, la violence et la folie de toute forme d'absolutisme politique et sur le rôle de la littérature.
TANDIS QUE MOI QUATRE NUITS