1486. Orsola Rosso a 9 ans. Elle vit avec sa famille sur l'île de Murano, où son père est verrier. Son frère ainé, Marco, sera un jour le maestro. Giacomo, plus effacé, se contente de seconder son frère et de protéger sa sœur. A la mort de leur père, Orsola voit l'atelier péricliter. Trop jeune, Marco n'est pas prêt à assumer son rôle de maestro. Orsola décide d'apprendre à faire des perles de verre pour soutenir sa famille, malgré l'opposition de son frère. Car la verrerie n'est pas affaire de femme. Seule l'une d'entre elle, Maria Barovier, a son propre four. Pourtant, Orsola est douée, et au fil des siècles, ses perles seront bien souvent la planche de salut des siens.
L'histoire commence en 1486, et se termine aux alentours de 2019. Durant toutes ces années, Orsola vieillit mais ne meurt pas. Tracy Chevalier part du postulat selon lequel le temps s'écoule beaucoup plus lentement sur une île que sur la Terra Ferma. Ainsi le roman balaie l'histoire de Venise et sa place dans le commerce de la Renaissance, puis son déclin au profit de la Hollande, les épidémies de peste, la domination autrichienne. Ce petit artifice permet à Tracy Chevalier d'écrire le roman d'une ville et de ses habitants, autant que celui d'une famille.
On déambule avec beaucoup de plaisir dans les ruelles vénitiennes, on monte à bord des gondoles en compagnie de leurs gondoliers au langage fleuri, on se tient à côté du Maestro pendant qu'il façonne de fragiles verres à pied, on suit Orsola lorsqu'elle se rend à Venise négocier le prix de ses perles. La fileuse de verre est un roman foisonnant, le portrait d'une femme de caractère et d'une ville fascinante.